Soleils de feu
La Biennale Charleroi/Danses s’ouvrira avec Soleils de Pierre Droulers. Un chorégraphe fasciné par les quatre éléments.
La Biennale Charleroi/ Danses est l’événement incontournable de la danse contemporaine. Du 12 au 30 novembre, elle aligne pas moins de vingt-six productions dont sept premières belges et six créations mondiales… A l’affiche de la soirée d’ouverture : Soleils de Pierre Droulers, une réflexion sur les rituels carnavalesques. Rencontre avec le chorégraphe, qui est aussi l’un des co-directeurs de Charleroi/Danses.
Le Vif/L’Express : Quels sentiments cherchez-vous à faire passer dans Soleils ?
Pierre Droulers : Ce spectacle parachève un cycle sur les quatre éléments. Soleils tourne autour du feu qui illumine la vie de chaque être. L’inspiration est venue des voyages au Brésil et au Japon, d’un questionnement sur la lumière, celle qui attend dans le monde de l’ombre, celle de l’astre solaire, celle qui irradie la beauté des corps et de la nature. Le film de Marcel Camus Orfeu Negro qui revisite le mythe d’Orphée et d’Eurydice en le transposant à Rio de Janeiro pendant le carnaval, traverse aussi Soleils. Dans le spectacle, il est moins question d’écriture et de forme que d’énergie brute, dévastatrice, incontrôlée. La première partie, un peu figée, crée la confusion. Tout est noir, fermé, raide et inerte. On est dans un monde tendu, presque glacé. Mais le feu intérieur brûle et de cette tension naîtra un monde homogène, cohérent et optimiste. La pièce évoque ces contradictions. Mon travail parle de la mort, de la beauté fondamentale, de l’innocence et de la danse en tant qu’animation qui fait avancer le monde. Aujourd’hui, je ressens le besoin de me reconnecter à la tradition vivante, aux rituels de passage et à la transe, une forme de libération par le corps. La deuxième partie est donc très dansée, vivante, rehaussée par des costumes chargés comme dans tous les rituels. J’ai fait appel à neuf danseurs. C’est beaucoup pour un tel projet mais il faut une foule pour contaminer
la salle avec de l’énergie.
Comment considérez-vous votre mission de co-directeur de Charleroi/Danses ?
Je voudrais transmettre ce que je sais, aider les jeunes artistes à se représenter, à pratiquer la discipline sur le mental et sur le corps pour traverser les épreuves. Pour pouvoir accepter tous les aspects de la vie, pour être ouvert aux événements, les éponger, les recréer et les transformer en un autre mouvement.
A quoi sert la danse ?
A ne pas tomber, au sens propre comme au figuré. Et à rythmer les temps.
Du 12 au 30 novembre, à Charleroi, Bruxelles, Mons et Liège. www.charleroi-danses.be
Entretien : Barbara Witkowska
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