Six jours avec Beethoven

Barbara Witkowska Journaliste

Très vite adopté par les mélomanes, le Music Chapel Festival, à Bruxelles, atteint l’âge de raison avec une cinquième édition entièrement dédiée au génie allemand. Les amateurs seront aux anges.

Dans l’acoustique lumineuse de Flagey, grandeur et recueillement seront au rendez-vous pour ce  » marathon  » beethovenien investi par quelques stars mais aussi des étoiles montantes de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth. Parmi les événements les plus attendus, on citera le retour de Jan Caeyers au pupitre de sa formation Le Concert Olympique. Volontairement rare, ce chef atypique, musicologue et grand spécialiste de Beethoven (sa biographie du compositeur a été très remarquée en Allemagne) dirigera le Troisième Concerto pour piano. L’occasion donc de l’interroger sur cette passion.  » Mon grand amour pour Beethoven date de l’enfance, dit Jan Caeyers. Ce fut un chemin long et compliqué car la musique est compliquée. Il faut beaucoup d’énergie, de volonté et de temps pour essayer de comprendre l’univers de ce géant de la culture européenne. Il y a tout d’abord l’aspect culturel et historique. La fin du XVIIIe siècle est un moment très important. La société change complètement et les artistes sont obligés de trouver des positions nouvelles. Beethoven a trouvé la solution en se positionnant au niveau humain.  »

On considère Bach comme le dieu de la musique, Mozart comme l’archange et Beethoven comme l’homme…  » Il y a aussi l’aspect musical, poursuit Jan Caeyers. La musique fait toujours entrer en jeu l’émotion et la raison. En principe, ces deux paramètres s’excluent mais chez Beethoven, ils sont présents dans un équilibre exceptionnel et avec la même intensité. On est à la fois dans un grand bain émotionnel et dans une logique très exceptionnelle.  » Pour interpréter le Troisième Concerto pour piano, la Chapelle Musicale a proposé Ashot Khachatourian.  » Je me réjouis car si j’ai l’habitude de diriger de grands solistes comme Christian Zacharias ou Frank Braley, j’adore découvrir de nouveaux talents « , conclut Jan Caeyers.

L’autre baguette invitée et très attendue, c’est celle de Laurence Equilbey, une des premières cheffes d’orchestre, qui se produit rarement en Belgique.  » J’ai choisi d’être cheffe à 18 ans, nous confie-t-elle. Ce qui m’intéresse, c’est l’environnement et la gestation des oeuvres, leur analyse et les enjeux qui y sont liés. Tout comme les gestes de direction car ils sont en rapport avec le corps et la danse.  » Désireuse de placer sans cesse la barre plus haut, Laurence Equilbey a créé en 1991 son choeur de chambre, Accentus, puis, en 2012, sa propre phalange, Insula Orchestra.  » L’insula est une petite île centrale dans le cerveau qui transforme les sensations en émotions. J’aime cette idée que l’orchestre soit un lieu où l’on cherche à passer des émotions.  » Mais à Flagey, la cheffe sera l’invitée de l’Orchestre philharmonique royal de Liège et dirigera des oeuvres atypiques de Beethoven : le Triple Concerto pour piano, la Fantaisie chorale et l’ouverture du Roi Etienne, longtemps tombé dans l’oubli. Il y aura aussi des stars – Maria João Pires ou Plamena Mangova – et les jeunes talents de la Chapelle qui enflammeront les célèbres symphonies, les Concerti et la musique de chambre. Dépêchez-vous de réserver !

Du 1er au 6 décembre à Flagey, www.flagey.be

Le 28 novembre, Laurence Equilbey dirigera le même programme  » Triple Beethoven  » à la Salle philharmonique de Liège, www.oprl.be

Barbara Witkowska

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