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S’il te plaît… dessine-moi un orchestre

 » L’orchestre à la portée des enfants  » se met cette saison au diapason du Petit Prince. Une tournée de l’Orchestre philharmonique royal de Liège qui débute le 28 avril.

Le petit bijou de Saint-Exupéry résiste vaillamment au cynisme du temps et à la flétrissure du langage. Les assauts inlassables du marketing politique et commercial n’oxydent pas ses paraboles cinglantes. Peut-être même leur donnent-elles une forme d’urgence. En 2014, le compositeur Michaël Levinas en tirait une adaptation lyrique, commanditée par les opéras de Lille, Genève et Liège. En 2015, Mark Osborne en faisait un joli film d’animation, césarisé en 2016. Cette année, c’est Emmanuel Guillaume qui s’y colle, coulant l’opuscule de 1943 dans la formule rodée de  » L’orchestre à la portée des enfants  » – en l’occurrence l’Orchestre philharmonique royal de Liège (OPRL). Membre de la compagnie Irina Brook, directeur de la troupe du Public, théâtre-action de La Louvière, et metteur en scène du cirque canadien Eloïse, il propose une synthèse de ses expériences, préférant une approche théâtrale, jouée par trois comédiens, à la narration pure autrefois incarnée par Gérard Philipe, Jean-Louis Trintignant, Mouloudji ou Arditi.  » Le narrateur, c’est le chef d’orchestre « , déclare-t-il.

Emmanuel Guillaume s’est replongé dans le contexte historique du conte et transpose au réfugié d’aujourd’hui la gueule d’ange du petit Polonais fuyant la Seconde Guerre mondiale aux Etats-Unis.  » Mon Petit Prince devait être noir. Ce sera finalement un jeune comédien italien dont on va grimer la peau. L’innocence n’appartient pas aux enfants blancs « , glisse le comédien (qui a travaillé avec Fedasil, l’agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile).  » Pourquoi ? Mais parce que « l’essentiel est invisible pour les yeux » et qu’ « on ne voit bien qu’avec le coeur » « , sourit-il.

Musique de film

Limité par l’équipement des salles qui accueilleront son spectacle, le metteur en scène a toutefois dû renoncer à certains artifices circassiens qui le portent d’habitude dans les airs, ainsi qu’aux effets d’éclairage. Restait l’inconnue de l’orchestre, d’autant que l’OPRL n’a pu utiliser la musique qu’il s’était initialement choisie, pour cause de droits d’auteur. Le compositeur et chef flamand Dirk Brossé, reconnu pour ses musiques de films, lui a sauvé la mise :  » Quatre mois, c’était trop court pour composer 35 minutes de musique originale, mais on peut très bien travailler autrement !  »

Les deux artistes se sont rencontrés et rapidement apprivoisés.  » J’ai travaillé comme avec un réalisateur de films « , s’amuse Dirk Brossé, avant de réorchestrer les musiques qu’Emmanuel Guillaume avait choisies, réduisant à dessein la masse orchestrale et envoyant dans les étoiles quelques instruments solistes, comme la harpe.

 » Les enfants ne doivent pas découvrir l’orchestre avec une symphonie de Mahler ! « , rassure Dirk Brossé.  » Ici, toutes les parties seront bien identifiables et les musiques, très directes. On a privilégié l’effet visuel, à la manière de Hollywood.  » Le Petit Prince aurait conclu :  » Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé.  »

Le Petit Prince, par l’OPRL dirigé par Constantin Grigore : les 28 avril (Liège), 29 avril (Bruxelles), 30 avril (Ottignies), 5 mai (Ath) et 7 mai (Namur). www.oprl.be

PAR XAVIER FLAMENT

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