Secrets de famille

Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Le départ d’un fils bouleverse l’existence de sa sour jumelle et de ses parents dans le subtilement mélodramatique et très émouvant Je vais bien, ne t’en fais pas

Pourquoi Loïc a- t-il quitté la maison familiale, où est-il et pourquoi ne donne-t-il pas de ses nouvelles ? De retour de vacances, sa s£ur jumelle Lili ne tarde pas à s’inquiéter. Son père et son frère s’étaient disputés, comme souvent. Et l’atmosphère reste bien lourde dans le modeste pavillon de banlieue où l’on attend chaque jour le courrier, dans l’espoir que le fils parti avec bagages et guitare se manifeste enfin. Lili aura le temps de se ronger les sangs, et de craquer physiquement, avant qu’une première carte postale ne vienne rassurer la jeune fille et ses parents inquiets…

Je vais bien, ne t’en fais pas chronique avec attention, rigueur et précision les heures de désarroi vécues par une famille angoissée, et singulièrement par une s£ur à laquelle son jumeau manque intensément. Si le film suscite une grande émotion, c’est au c£ur du quotidien et avec une économie d’effets plutôt rare dans le mélodrame qu’il y parvient. Philippe Lioret, dont on avait déjà pu apprécier l’art consommé de travailler la matière humaine dans Tombés du ciel, Tenue correcte exigée, Mademoiselle et L’Equipier, trouve le ton juste, la distance nécessaire pour narrer une histoire simple en apparence mais dont les étapes successives feront affleurer certains secrets familiaux.

 » C’est au c£ur de la vie dans ce qu’elle peut avoir de plus banal, de plus fade même, que se nichent souvent les émotions les plus authentiques « , commente le réalisateur français qui a, une fois de plus, eu le choix heureux en réunissant la jeune Mélanie Laurent (une révélation fulgurante), Isabelle Renauld (en mère très touchante) et un Kad Merad qui incarne de façon très admirable le personnage du père. Ce trio aussi sobre qu’intense offre à Lioret l’occasion de rendre palpables, partageables  » les sentiments complexes, extraordinaires, de gens simples et ordinaires « .

 » Je ne peux fonctionner que dans l’échange, dans la communication « , explique le cinéaste qui a écrit le scénario avec Olivier Adam, l’auteur du roman qui inspire le film (1). Ne t’en fais pas, je vais bien relaie de belle façon ce constant désir d’emmener, via une identification ouvertement recherchée, le spectateur  » vers des régions de nous-mêmes que nous n’avons pas encore explorées « . Une ambition d’explorateur de l’intime déclinée avec autant de justesse que de modestie, dans un film qui ne se laisse pas oublier.

(1) Editions Le Dilettante.

Louis Danvers

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