Se vendre, comme une marque de savon…

La grande prêtresse du coaching, l’Américaine Lois Frankel, remonte les bretelles des femmes qui, trop gentilles, croupissent sur leur lieu de travail.

A quand remonte votre dernier déjeuner avec un de vos collègues ? Vous ne savez plus ? C’est bien là que se situe en partie votre problème.  » La dame qui parle est sûre de son effet. C’est une Américaine. Coiffée à l’américaine. Et business coach, qui plus est… Elle affiche une assurance qu’elle injecterait bien en intraveineuse à ceux qui l’écoutent. Et qui, la plupart du temps, n’y verraient sans doute aucune objection….

Lois Frankel, tout récemment invitée à Bruxelles dans le cadre de Jump, le forum des femmes actives, n’est évidemment pas la première venue. Docteur en psychologie, elle conseille depuis plus de vingt ans tous ceux qui souhaitent s’élever dans la hiérarchie sociale et s’épanouir au travail. Elle ne manque pas de crédibilité : elle cumule une solide expérience en gestion des ressources humaines dans une compagnie pétrolière, et la direction du Corporate Coaching International, qu’elle a créé elle-même. Elle est appelée en renfort par les plus grandes entreprises, aux Etats-Unis ou ailleurs, comme Procter & Gamble, Mc Kinsey, British Petroleum, etc. Auteur de multiples livres à succès, elle les a titrés sans laisser planer la moindre ambiguïté sur leur contenu : Ces filles sympas qui sabotent leur carrière : 101 pièges à éviter, Ces filles sympas complexées par l’argent : les 75 erreurs que nous commettons toutes, etc.

Une révolution personnelle doit s’opérer

On l’aura compris : Lois Frankel s’adresse principalement aux femmes, qu’elle ne ménage pas.  » Enfants, elles ont été élevées pour être gentilles, alors qu’aux jeunes garçons, on apprend la compétition. Et le combat féministe n’y a rien changé. Pour bien des femmes, insatisfaites sur le plan professionnel, une révolution personnelle doit encore s’opérer : il est temps pour elles de devenir adultes, c’est-à-dire de prendre leur place sur le marché du travail, en ne se comportant ni comme des petites filles, ni comme des hommes. « 

Mais encore ?  » Je vous donne un exemple, poursuit Lois Frankel, qui tient à être bien comprise. Avant de prendre une initiative professionnelle, les femmes ont tendance à demander la permission à tout le monde. Ce faisant, elles ne font pas preuve de confiance en elles. Les hommes, eux, lancent leur projet. Ils partent du principe que s’il ne convient pas, il y aura bien quelqu’un, dans la hiérarchie, pour le leur faire savoir. Quand il s’agit de prendre la parole, les femmes interviennent généralement en dernier lieu. Elles sont trop discrètes et ne prennent pas de risques. Ce n’est pas comme cela que l’on s’affirme. Les femmes ne se rendent pas non plus aux réunions, estimant qu’elles représentent une perte de temps et qu’il vaut mieux travailler avec acharnement. Mais travailler – et travailler seulement – n’a jamais permis à personne de décrocher une promotion. Pour cela, il faut se construire un réseau de relations et se différencier des autres. « 

Lois Frankel manie l’art de la communication et de la persuasion avec un incontestable talent. Aux Etats-Unis, c’est une habituée des médias, notamment télévisuels et radio- phoniques. Aux femmes qui viennent l’écouter, elle fournit les petits  » trucs  » qui, assure-t-elle, leur ouvriront de grandes carrières.  » Pensez à ce que vous voudriez que les gens disent de vous. Agissez de telle sorte que ce soit le cas. Puis faites savoir ce que vous valez. Débrouillez-vous pour obtenir un feed-back sur vous-mêmes. Pour cela, il est essentiel d’aller manger avec des collègues « , sourit-elle.

 » Pour exister sur le marché du travail, vous devez agir comme si vous étiez une marque commerciale. Et vous devez la vendre. Regardez le monde, poursuit-elle : il est ravagé par la guerre et la pauvreté. Si les femmes occupaient davantage de postes à responsabilités, il n’y aurait pas de guerres. « 

L.v.R.

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