Saveurs espagnoles

Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Prophète en son pays, l’amusant Tapas a de quoi séduire au-delà des frontières ibériques avec son charme aigre-doux et son humour complice

S’il lui manque, côté drôlerie, l’audace et le mordant des films d’Alex de la Iglesias ( Le Jour de la Bête, Le Crime farpait), si, versant émotion, la profondeur et l’originalité des £uvres d’Almodovar lui font défaut, le film de José Corbacho et Juan Cruz n’en possède pas moins du charme, de l’allant, composant un spectacle où l’humour et la tendresse offrent un cocktail assurément savoureux. En Espagne, Tapas a séduit un large public, reçu les honneurs critiques et remporté plusieurs Goyas (l’équivalent des césars), dont celui du meilleur nouveau réalisateur.

L’action de cette comédie à nombreux personnages principaux se déroule dans une grande ville, sous la canicule estivale. César et Opo, deux jeunes hommes à peine sortis de l’adolescence, y travaillent dans une supérette tout en préparant leurs vacances et en parlant des filles qu’ils n’ont pas encore su conquérir. Lolo, patron de bistrot à tapas, voit sa très longtemps patiente épouse Rosalia en avoir marre de son attitude machiste et laisser tomber à la fois maison et cuisine, forçant le mari abandonné à engager dans la précipitation un cuisinier… chinois, prénommé Mao. Conchi et Mariano, un vieux couple, se font doucement à la mort désormais proche du second, atteint d’un cancer incurable. Quant à Raquel, l’épicière que son mari a quittée, elle vit une romance virtuelle sur Internet avec un Argentin, dont elle espère la venue prochaine…

Ces destins contrastés, appelés à se croiser dans le quartier surchauffé où se déroule le récit, fournissent une riche matière humaine, dont Cruz et Corbacho tirent un parti appréciable. Le comique et le poignant alternent ainsi, puis se mêlent, par la grâce d’une écriture précise et d’une mise en scène attentive. Les acteurs, tous formidables, apportent une contribution décisive à la réussite du film. De la très touchante Elvira Minguez (Raquel) au couple en fin de parcours joué par Maria Galiana et Alberto de Mendoza, en passant par le duo juvénile Ruben Ochandiano (César)-Dario Paso (Opo), sans oublier le tandem burlesque formé par Angel de Andrés (Lolo) et Alberto Jo Lee (Mao), tous méritent d’être cités au tableau d’honneur d’une comédie estivale venant à point nommé rafraîchir le regard du cinéphile curieux.

Louis Danvers

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