Sang pour sang Grangé

Sa Ligne noire nous emmène dans le Sud-Est asiatique sur les traces d’un serial killer. Plongée en apnée dans l’hémoglobine

La Ligne noire, par Jean-Christophe Grangé. Albin Michel, 506 p.

Pour ceux qui, dans l’actualité quotidienne, n’auraient pas trouvé leur compte d’angoisse, de meurtres et de folies humaines, voici donc le nouveau roman de Jean-Christophe Grangé, dont on peut prédire sans risque qu’il va devenir le thriller de l’été. Après Les Rivières pourpres, Le Concile de pierre et, surtout, L’Empire des loups, on se disait qu’il était difficile d’aller plus loin dans la construction d’une intrigue à multiples rebondissements (ce qui l’obligea parfois à des contorsions hasardeuses) et l’exploration des cerveaux déglingués. C’était compter sans l’imagination et le savoir-faire de Grangé, qui poursuit son numéro d’équilibriste à la frontière du vraisemblable et du fantastique pour monter des histoires à vous glacer le sang.

Glacer le sang ? C’est le mot juste pour ce nouveau thriller qui tourne autour d’un serial killer fasciné par l’hémoglobine. Ce fou interné dans le pire pénitencier de Malaisie se nomme Jacques Reverdi. Il est français, champion d’apnée et accusé de meurtres pour le moins insolites commis en Asie du Sud-Est. Marqué par l’assassinat de son meilleur ami puis de sa fiancée, le journaliste Marc Dupeyrat a décidé d’interviewer Reverdi pour aller à la rencontre du mal absolu et comprendre comment ont été perpétrés ces meurtres étranges. Mais de quelle manière approcher le monstre, le séduire, l’intriguer ? Dupeyrat se fait passer pour une femme, Elisabeth, se lie à Reverdi et, de Paris à la Malaisie, de la Thaïlande au Cambodge, résout une à une les énigmes qui, le long de la fameuse ligne noire, le mèneront à la vérité. Quels liens entre l’apnée, le sang noir, le miel d’Angkor, certains papillons et le frôlement des feuilles de bambou ?

A mi-chemin d’Arsène Lupin et de Hannibal Lecter, les personnages de Grangé sont pris dans une mécanique infernale, une intrigue psychologique aux ressorts classiques, mais montée comme de l’horlogerie suisse, ne laissant aucune chance au hasard. Et aucun espoir, pour le lecteur, de reprendre son souffle avant la toute dernière page. A 42 ans et après quatre titres, Grangé semble être aujourd’hui au sommet de son art. Mais n’a-t-il pas déjà prouvé qu’on pouvait toujours repousser les frontières du possible ? l

O. L. N.

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