Sang neuf

La cour des grands s’intéresse aux talents  » jeunes émergents « : comédiens, metteurs en scène, chorégraphes… presque un label européen.

L‘intérêt est réel: au-delà d’une obligation liée à des subventions, de plus en plus de théâtres zooment sur la  » jeune création « . Ils apportent leur époque: des pièces bourrées d’images et de sons, de TIC multimédia, d’histoires fragmentées et parfois des gadgets. En collectifs, seuls, fauchés, à la débrouille, ils se lancent dans l’écriture de plateau: on crée directement sur la scène,  » le plateau « , même avec un texte déjà en main. Chez nous, on les suit notamment à travers les festivals: Vrak, Emulation, Scène ouverte, Pépites & Co, Editions limitées et Nouvelles Vagues. L’année 2010 a d’ailleurs été marquée par Le Chagrin des ogres, première pièce d’envergure de Fabrice Murgia, 26 ans, associé au nouveau Collectif jeunes acteurs du National. Dans un théâtre de jeu, de virtuel, de sons transformés, et de vidéos  » live « , Murgia décrit le malaise d’ados, secoués par deux faits divers (le snipper lycéen Bastian Bosse et Natacha Kampusch, la séquestrée). Voyage en eau trouble et travail impressionnant qui a propulsé Le Chagrin des ogres (photo) dans la cour des grands, avec à la clé une nomination dans la catégorie « Meilleur spectacle » de la Critique, une tournée (Avignon, Odéon-Paris,…), le prix Télérama, une captation Web sur Arte, un dvd, etc. En 2011, c’est LE talent à suivre avec, entre autres, Dieu est un DJ et Chronique d’une ville épuisée. Mais beaucoup d’autres sont là: Antoine Defoort, Claude Schmitz, Aurore Fattier, le Groupe Toc, Anne-Cécile Vandalem, Selma Alaoui, Antoine Laubin… Et d’autres, plus confinés: Nicolas Luçon, Odile Vansteenwinckel, Alex Lorette. Même phénomène pour les  » chorégraphes émergents  » avec de récents festivals: Repérages de Charleroi-Danse, Bouge B du Singel et le nouveau Working Title Platform des Brigittines. Autre signe: le retour des projets de fins d’études des écoles d’art sur la scène (publique). Comme l’école du cirque Esac, invitée à la Villette avec Sorties 8, 9, 10. Un événement-succès. En 2010 ça a donc bougé pour les jeunes artistes. On regrette parfois que certains spectacles restent en vase clos et mélangent peu les générations d’acteurs. Sans compter que cette mode ne résout pas les galères des jeunes artistes, parfois exploités, engagés au rabais ou en  » one shot « . Ces réserves mises à part, il serait dommage de ne pas surfer sur cette vague rafraîchissante…

NURTEN AKA