Salée, la facture !

Gratuite, l’école ? Selon les calculs de la Ligue des familles, une année coûte plus de 300 euros dans le primaire et même près de 500 dans le secondaire

Mon enfant n’avait pas payé pour la soupe. Il a dû recopier des lignes : ne pas oublier l’argent de la soupe !  » Recueillie par la Ligue des familles, cette réaction de parent traduit les enjeux démocratiques du coût scolaire. L’association pluraliste a mené une enquête pendant un an auprès de 218 ménages et de 526 élèves, du maternel au secondaire. Verdict : l’école coûte trop cher, mais ce poids financier croît tout au long de l’enseignement obligatoire. Même en se limitant aux frais strictement scolaires et en excluant la garderie ou les transports, une année s’élèverait, en moyenne, à 146 euros dans le maternel, à 314 euros dans le primaire et à… 474 euros dans le secondaire !

C’est surtout la rentrée scolaire qui grève le budget familial. Mais des sommes moins importantes continuent à être réclamées au fil des trois trimestres. Le matériel est la dépense la plus lourde, quel que soit le niveau. Ensuite, viennent les manuels dans le secondaire ; les activités sportives dans le primaire, ainsi que les animations artistiques et culturelles dans le maternel. Les photocopies, la documentation, les photos de classe, les excursions ou les voyages s’ajoutent aussi à la facture. Tous ces postes sont perçus par les familles comme majoritairement obligatoires. Or, selon la Ligue, seuls quelques-uns d’entre eux – ils représentent seulement 12 à 16 % du budget total, selon le niveau – sont réellement autorisés par le décret sur les missions de l’enseignement, qui nuance l’obligation de gratuité prévue par la Constitution. Tous les autres frais seraient-ils illégaux ? En partie, peut-être. Mais la Ligue est surtout frappée par la confusion ambiguë entre les dépenses facultatives et obligatoires. N’est-ce pas hypocrite de recourir régulièrement à des revues dont l’abonnement n’est pas imposé ? Ou de baser tout un programme de cours sur une classe verte facultative ?

Par ailleurs, tous ces coûts sont généralement plus élevés en ville qu’à la campagne, et davantage dans le libre que dans l’officiel. Pis : en raison de disparités croissantes au fil de la scolarité, les familles aux revenus modestes voient se réduire, d’année en année, le nombre d’établissements accessibles à leur bourse. Sur ce quasi-marché scolaire, un élève égale de moins en moins un élève.

Dorothée Klein

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