Saga familiale made in USA

Comment se libérer du poids de la culpabilité ? La question est au coeur de ce roman de Douglas Kennedy, premier volet d’une ambitieuse fresque en trois tomes. Campant son intrigue dans l’Amérique des années 1970, le plus francophile des écrivains new-yorkais retrace l’histoire d’une famille au bord de l’implosion, aux prises avec une série de trahisons et de non-dits. On la découvre ici à travers les yeux d’Alice, la cadette, devenue une brillante éditrice dont les jeunes années ne sont pas sans rappeler celles de l’auteur lui-même. Alice, adolescente, assiste impuissante au délitement du foyer conjugal, subissant les disputes incessantes et les frasques d’un père caractériel. Prise en tenaille entre ses deux frères – l’un est conservateur, l’autre très à gauche -, elle peine à trouver sa place. Ce n’est qu’à l’université qu’elle réussira à s’émanciper, permettant au romancier un beau retour au genre très populaire du campus novel. Par petites touches et grandes tirades, Douglas Kennedy évoque aussi les failles de l’Amérique de Nixon. Antisémitisme, homophobie, racisme, paternalisme et domination masculine… Disséquant le puritanisme de la société américaine, il parvient à mêler l’analyse des crispations politiques à la peinture d’une tragédie familiale. L’ensemble est parfois trop appuyé, un brin démonstratif. Qu’à cela ne tienne : avec ce palpitant roman noir, Douglas Kennedy revient en grande forme.

La Symphonie du hasard. Livre 1, par Douglas Kennedy, trad. de l’anglais (Etats-Unis), par Chloé Royer, Belfond, 384 p.

Retrouvez l’actualité littéraire aussi dans Focus Vif : cette semaine, notamment, C’en est fini de moi, du magnifique scénariste et romancier anglais Alfred Hayes en page 40, et Circus Parade, souvenirs du précurseur du roman noir américain Jim Tully quand il était employé de cirque, page 41.

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