Sacrées femmes !

Marek Halter raconte Sarah, Tsippora et Lilah, ces femmes de la Bible dont on ne parle jamais

La Bible au féminin (t. I). Sarah, par Marek Halter. Robert Laffont, 298 p.

L’incertitude accompagne souvent la publication d’un livre : trouvera-t-il un public, des lecteurs passionnés ? Pas de doute cette fois : le nouveau roman de Marek Halter sera un succès. Il a tout pour réussir.

L’écriture, simple et lyrique à la fois, qui entraîne au rêve. L’héroïne : Saraï ou Sarah (les deux noms signifiant  » princesse « ), épouse d’Abraham, le père des croyants, l’homme qui, selon la Bible, assura le premier qu’il n’existait qu’un seul Dieu, un seul dans ce monde où tous les pays en adoraient plusieurs et qu’il en était certain puisque celui-ci lui avait parlé. Une affirmation qui allait changer le sort de l’humanité.

Cela se passait aux environs d’Ur, en Chaldée, au c£ur d’un pays qui est aujourd’hui sous les feux de l’actualité, non loin de la ville qui est aujourd’hui Bassora. Abraham s’appelait à l’origine Abram (deux variantes d’un même nom signifiant  » le père est élevé  » ou  » le père aime « ). Obéissant au Dieu unique, il partit pour la terre de Canaan (actuellement Israël et la Palestine). C’était le début d’une longue saga familiale et d’un long périple qui allait passer par Sodome, puis le pays de Pharaon, Hébron et la haute Mésopotamie.

En chemin, Abraham envoya son épouse dans le lit de Pharaon pour éviter d’être tué et, puisqu’elle était stérile, il fit un enfant à sa servante égyptienne, Agar. Un garçon nommé Ismaël, auquel se rattachèrent les Arabes nomades, ensuite l’islam. Mais rien n’est impossible à Dieu : devenue féconde à près de 100 ans, Sarah lui donna un fils, Isaac, patriarche pour les juifs et les chrétiens.

Il y a tout dans ce récit biblique aux prolongements actuels pour séduire un romancier comme Marek Halter. Il a choisi de la raconter par les yeux de Sarah. Elle est belle, selon la Bible. Très belle, même. Ce qui permet à l’auteur de conter quelques jolies scènes d’amour. Et il tisse avec habileté son récit avec une documentation précise sur la vie et les m£urs des nomades qui parcouraient alors la Mésopotamie.

Après Sarah apparaîtront bientôt dans cette Bible au féminin Tsippora (ou Cippora), l’épouse de Moïse, et Lilah, épouse d’Esdras, lequel, à la tête d’un détachement de quinze cents gaillards, revint à Jérusalem après l’exil des juifs à Babylone pour y restaurer le culte. La Bible ne disant à peu près rien de ces deux dames, le romancier pourra s’en donner à c£ur joie. Nous aussi. l

Jacques Duquesne

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