Rendez-vous avec Miles Hyman

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Récit d’anticipation, Rendez-vous ouvre l’album collectif 12 Septembre, l’Amérique d’après, dont Le Vif/L’Express publie en exclusivité, durant quatre semaines, les bonnes feuilles. Miles Hyman imagine une Amérique devenue un Etat policier.

C’est  » son  » Amérique que Miles Hyman raconte dans Rendez-vous, l’histoire dont Le Vif/L’Express entame, en exclusivité, la publication (suite et fin de ce récit dans le numéro du 5 août) : Manhattan au ciel plombé, l’île monde de toutes les guerres, dérangeante, à quelques fuseaux horaires seulement de Bagdad et Kaboul. Né dans le Vermont en 1962, Hyman vit depuis 2002 à Paris. Surtout connu pour son travail d’illustrateur, il dessine les couvertures de la collection de polars Le Poulpe et accompagne de ses images l’édition monumentale de Manhattan Transfer, de John Dos Passos (Gallimard/Futuropolis). Passé à la bande dessinée, il adapte Nuit de fureur, de Jim Thompson (Rivages/Casterman Noir) et signe, avec Philippe Paringaux, Images interdites (Casterman). En 2010, il cosigne le City guide New York Itinéraires (Casterman/Lonely Planet).

Rendez-vous a également pour cadre la ville de New York. Ce récit de politique-fiction, qui ouvre l’album 12 Septembre, l’Amérique d’après (ouvrage collectif de dessinateurs et éditorialistes, qui sortira fin août chez Casterman), illustre la dérive d’un pays autrefois plus ou moins ouvert, mais qui, engagé dans la guerre contre le terrorisme, s’est transformé en un Etat policier. Des drones survolent Manhattan, pistent un suspect, un soldat américain en permission. Mark Emerson, la  » cible  » des services de sécurité, a effectué des missions en Irak et en Afghanistan et est devenu, pour son malheur, l’ami d’un détenu, ancien journaliste afghan…

 » Installé en Europe, mais originaire des Etats-Unis, un pays que j’aime toujours énormément, j’ai deux voix dans la tête, confie Hyman. Mon défi, dans ce récit, était de faire cohabiter ces deux voix. Je voulais critiquer le glissement progressif de l’Amérique vers un Etat sécuritaire, où règne la peur et la haine, sans tomber pour autant dans l’anti-américanisme. J’avais envie de tirer la sonnette d’alarme, car les Américains acceptent trop facilement, depuis le 11-Septembre, des atteintes à leurs libertés, au droit d’expression. Certains ont cru qu’avec Obama, ce serait le retour d’un « âge d’or ». Mais, malgré les promesses, la guerre continue en Afghanistan et il y a toujours des prisonniers à Guantanamo. Je veux pourtant rester optimiste : certains de mes concitoyens dénoncent cette dérive sécuritaire, qui finira par s’arrêter. « 

OLIVIER ROGEAU

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