Rendez-vous avec les  » perles  » wallonnes !

Barbara Witkowska Journaliste

L’Opéra de Liège signe une nouvelle production des Pêcheurs de perles de Georges Bizet. La fine fleur du chant belge y brillera de tous ses feux. Exceptionnel !

On se réjouit que le chef-d’oeuvre de Bizet soit de nouveau l’objet d’attention (la dernière production remonte à 1995…). Bonheur trop rare, la distribution n’aligne que des Wallons ! Faire chanter les Belges est le cheval de bataille de Stefano Mazzonis di Pralafera, directeur de l’Opéra de Liège.  » Durant la saison 2013-2014, notre scène a compté 77 % de présence belge, note-t-il. Tout dépend évidemment de la disponibilité des chanteurs. Dans le cas des Pêcheurs de perles, une bonne étoile est passée et nous avons pu réunir Anne-Catherine Gillet, Marc Laho, Lionel Lhote et Roger Joakim. J’estime qu’en tant qu’institution subsidiée par les pouvoirs publics, il est de notre devoir de faire travailler les chanteurs de chez nous.  »

Surdoué, Georges Bizet a composé des pièces pour piano, des mélodies et… deux opéras. Pourtant, l’opéra, il en rêvait :  » Il me faut le théâtre, je ne puis rien sans lui « , confiait-t-il à son ami Camille Saint-Saëns. Mais Bizet n’était pas un homme facile. Très nerveux,  » soupe au lait « , impulsif et indécis, il n’était pas capable d’aller jusqu’au bout des oeuvres inspirées par Victor Hugo ou Molière. Les pêcheurs de perles et Carmen sont donc les deux seuls opéras achevés qui figurent aujourd’hui au répertoire. Bizet n’a que 25 ans lorsqu’il reçoit la commande des Pêcheurs de perles. Il livre la partition dans un temps record, en deux mois ! L’opéra est créé au Théâtre Lyrique de Paris, le 30 septembre 1863. On salue la musique,  » d’une très grande originalité « . Le livret, en revanche, est jugé  » nunuche « . Selon la légende, les librettistes Michel Carré et Eugène Cormon, ne sachant pas comment terminer leur histoire, finirent par opter pour un spectaculaire incendie, probablement en prenant au pied de la lettre la suggestion de l’imprésario, excédé, qui se serait écrié :  » Et bien, brûlez tout !  » Rappelons donc cette histoire, pourtant touchante, de Leïla, de Nadir et de Zurga qui se passe au Ceylan. Zurga, le roi des pêcheurs de perles, et son ami Nadir, ont été tous les deux amoureux de Leïla. Brouillés pendant longtemps, ils se retrouvent et décident de tourner la page. Les pêcheurs de perles choisissent Leïla, la prêtresse voilée, pour les protéger durant toute la saison. Nadir la reconnaît et son amour  » refoulé  » éclate au grand jour. Il se laisse surprendre en compagnie de la jeune fille au sanctuaire par le grand prêtre. Quand ce dernier, furieux, arrache le voile de Leïla, Zurga la reconnaît à son tour. Envahi par une colère jalouse, il condamne les deux coupables à mort puis, se souvenant que Leïla, il y a bien longtemps, lui a sauvé la vie, il allume un spectaculaire incendie pour faciliter la fuite des amants… Rideau. Sur cette intrigue  » hollywoodienne « , Bizet a composé une musique de toute beauté, fluide et romantique qui sera soutenue par la crème des chanteurs francophones, enthousiastes et ravis de défendre l’opéra français qu’ils adorent ! Le chant tendre et mélancolique de Leïla devrait aller comme un gant à Anne-Catherine Gillet, ligne impeccable et timbre délicieux. Le ténor châtié de Marc Laho promet un brûlant Nadir face à l’épatant Lionel Lhote qui fera son miel des éclats jaloux de Zurga. Les coeurs sensibles seront au rendez-vous…

Les Pêcheurs de perles, à l’Opéra royal de Wallonie-Liège. Du 17 au 25 avril. www.operaliege.be

Barbara Witkowska

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