Qui réclame contre la pub ?

Allons bon ! Les ennemis de la publicité sont de retour ! Vous savez, ces gens qui ont l’outrecuidance de ne pas apprécier les efforts des créatifs pour embellir leur quotidien. Le week-end dernier, ces adversaires du progrès ont lancé une campagne d’action. Et comment ont-ils fait passer leurs mots d’ordre ? Par des affiches ! Vous voyez bien que ce n’est pas sérieux : s’ils étaient cohérents avec eux-mêmes, les anti-pub auraient dû mener leurs actions sans faire de pub. Sans en parler à personne…

Heureusement, face à eux, le camp des amis de la communication a de solides arguments à faire valoir. C’est ainsi que, l’autre jour, un célèbre quotidien de la capitale citait Robert Redeker. Robert est un philosophe. Si vous n’en avez jamais entendu parler, c’est sûrement parce qu’il fait mal sa publicité. Pourtant, avec les arguments qu’il développe, Robert mériterait le prix Pulitzer de la réflexion vachement profonde. Accrochez-vous :  » Un monde sans pub, c’est comme le manteau gris de tristesse des pays totalitaires « . Ah ça, ça vous la bouche, hein ? Si, le matin, à la radio, vous n’entendez plus la dame qui aime tellement les chèques-service qu’elle en profite pour nettoyer le micro, ou les deux andouilles de la sauce à barbecue qui vous donnent envie de boycotter mayonnaise et sauce américaine, méfiez-vous : c’est que, pendant la nuit, notre beau pays aura été recouvert d’un manteau totalitaire. Et gris en plus, ce qui ne doit pas être top tendance.

D’ailleurs, quelques lignes plus bas, Jacques Séguéla tapait sur le même clou :  » Imaginez un monde sans pub ! Ce serait atroce, on l’a bien vu dans l’ex-Union soviétique.  » Et il s’y connaît en matière de régimes totalitaires, Séguéla : en 1981, c’est lui qui a fait passer Mitterrand pour le candidat des jeunes, alors que, quarante ans plus tôt, le même Mitterrand était fonctionnaire à Vichy. Mais bon, les jeunes ne pouvaient pas le savoir ; la pub ne le leur avait pas dit.

Cela dit, je trouve notre ami Séguéla un peu dur envers l’URSS. Après tout, il y avait de la pub chez les Soviets. Les slogans n’étaient certes pas toujours très intelligents, mais, au total, pas pires que ceux des deux andouilles de la sauce à barbecue. Et les top models n’étaient pas très beaux. En fait, il n’y en avait qu’un seul, un petit barbichu chauve. Mais, à force de le voir partout, tout le monde avait fini par le trouver sympa. Un peu comme Coca-Cola : depuis le temps qu’on vous répète que c’est bon, vous le croyez.

Finalement, ça doit être pour ça que l’empire soviétique a disparu. Parce qu’il n’avait pas un bon publicitaire pour gérer sa com’. Ah, si Séguéla avait travaillé pour le Kremlin, le drapeau rouge flotterait encore sur la moitié de la planète. Et tout le monde en redemanderait.

Marc Oschinsky

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