Querelle d’ego au SP.A

Depuis qu’elle a été basculée sur le fauteuil présidentiel du SP.A par son prédécesseur Johan Vande Lanotte, Caroline Gennez n’a vécu que très peu de jours heureux dans l’exercice de ses fonctions. Il y a eu d’abord la rébellion contre sa nomination, jugée trop peu démocratique, puis contre l’entrée au SP.A de Bert Anciaux, considéré comme trop peu socialiste. Maintenant, c’est la désignation de ses ministres au gouvernement flamand, perçue comme trop inintelligible, qui rencontre de la résistance. Frank Vandenbroucke, le plus intelligent des socialistes flamands, n’a pas été reconduit à l’exécutif flamand, ce qui a suscité la critique de pas mal de socialistes, d’autant que sa défenestration a été communiquée dans le désordre. Les raisons de sa disgrâce furent pourtant claires : les caciques du parti estiment que Vandenbroucke est trop flamand et professe des opinions trop droitières pour jouer encore un rôle politique de quelque importance chez les socialistes. Quelques autres élus, qui se voyaient déjà ministres, ont été mis sur la touche par Gennez lors de l’attribution des postes. Il faut dire aussi que le vol par un fripon d’e-mails adressés à Gennez et transmis à la presse n’a pas arrangé les choses. Des e-mails où les défenestrés étaient présentés sous un jour particulièrement défavorable.

Tout cela a conduit le SP.A à tenir le week-end dernier un congrès idéologique, à huis clos, pour permettre aux militants et aux cadres du parti de s’exprimer en toute franchise et de donner libre cours à leurs frustrations et à leur mécontentement. Des larmes ont coulé ; il y eut aussi l’appel solennel de la présidente à resserrer les rangs. Mais personne n’y croit : les blessures sont trop fraîches. Il y a quelque chose de tragi-comique dans le spectacle que nous offre le SP.A. Au plus fort de la crise la plus grave que, de mémoire d’homme, le capitalisme mondial traverse, avec un gouvernement fédéral qui n’a visiblement pas d’autre ambition que de survivre jusqu’aux législatives de 2011, bref, dans des conditions de rêve pour mener une vigoureuse politique d’opposition, le SP.A se regarde le nombril et s’égare dans la bataille entre les ego et les ambitions déçues. D’une nouvelle vision sur le socialisme il n’est point question. La principale préoccupation au SP.A consiste à cultiver la résignation face à l’affront subi et à adopter la meilleure thérapie pour oublier le prétendu mauvais traitement qu’on s’est vu infliger. Rien d’étonnant à ce que la social-démocratie en Flandre soit la plus faible de toute l’Europe.

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YVES DESMET – Editorialiste au Morgen

Le spectacle offert par le SP.A a quelque chose de tragi-comique

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