Que faire de votre épargne en 2014 ?

L’année 2014 sera celle de la reprise, prédisent les économistes. Un contexte a priori positif pour celui qui souhaite placer son argent. Surtout dans les actions qui relèguent quelque peu dans l’ombre les obligations, mais aussi l’or et l’immobilier. Petit tour d’horizon des pistes à suivre (ou pas) ces prochains mois.

Eh ! hop ! Près de 800 millions supplémentaires accumulés en à peine 2 mois ! Les milliards des Belges s’épaississent à vue d’oeil. Le dernier décompte de la Banque nationale fait état de la coquette somme de 246,3 milliards déposés sur les comptes d’épargne en août 2013. Soit 17 milliards de plus en un an… Du jamais vu.

Un record étonnant, au regard des rendements riquiqui offerts par les livrets. Même pas de quoi se protéger de l’inflation. Qu’à cela ne tienne : même si son bas de laine dormant lui fait parfois perdre de l’argent, le Belge préfère faire la sourde oreille.

Pourtant – foi de banquiers -, les épargnants retrouveraient le chemin des investissements. Certes (très) lentement.  » Mais des clients qui n’auraient jamais pensé s’exposer à certains risques auparavant commencent à le faire aujourd’hui « , assure Patrick Vandenhaute, senior investment advisor chez Belfius.

Tant mieux. Car une chose semble certaine à court terme : les taux des comptes d’épargne ne vont pas repartir à la hausse. Le taux directeur de la Banque centrale européenne est historiquement bas (0,5 %), ce qui se répercute sur les comptes d’épargne. Ce taux directeur ne devrait pas remonter dans l’immédiat. Certains prévoient même encore une légère baisse, tandis que les plus optimistes parlent d’une stabilisation.

Mieux vaut donc prévoir un plan B pour faire fructifier son argent. Sans toutefois vider d’une traite son compte d’épargne.  » On conseille généralement d’y laisser l’équivalent de 3 à 6 mois de salaire « , considère Nicolas Claeys, analyste économique chez Test-Achats.

Pour le solde, quelles pistes privilégier à l’aube de 2014 ? Avant toute tentative de réponse, quelques précautions d’usage s’imposent. Les recettes du voisin sont parfois mal digérées une fois appliquées à son cas personnel. Celui qui veut investir son argent devra se poser (au moins) trois questions incontournables : quels risques suis-je prêt à prendre ? De quel horizon de temps dispose-je ? Quels sont mes objectifs ? Sans oublier le maître-mot, jadis parfois oublié, en matière de placement : diversification.

Cela étant écrit, place aux prévisions des experts. Ceux-ci pronostiquent une année 2014 placée sous le thème de la reprise.  » Historiquement, 4 phases se succèdent, décrit Luc Charlier, spécialiste en investissements chez ING. La déprime (c’était en 2008, 2009), l’espoir (ces derniers mois) et la concrétisation qui s’accompagne d’un return boursier. C’est maintenant et cela devrait être suivi, plus tard, par une période d’optimisme.  »

Actions : le retour en grâce

Bourse : le mot est lâché. Après avoir été délaissées, voire conspuées ces dernières années, les actions reviennent en force. Toutes les banques les surpondèrent au sein de leur portefeuille type.  » Depuis fin 2012, on cherche plutôt le rendement dans les actions que dans les obligations « , confirme Jérôme van der Bruggen, responsable des investissements chez Petercam.

Action rime aussi avec diversification. Géographique, d’abord. Bien que la reprise économique soit drainée par les Etats-Unis, le marché américain ne tient pas le haut du pavé.  » La reprise US a déjà été anticipée, c’est désormais un peu tard et un peu trop cher selon nous « , jauge Bart Van Craeynest, économiste en chef chez Petercam.

La vraie vedette, c’est l’Europe.  » Il y a 6 mois, personne ne voulait y investir, se souvient Philippe Gijsels, chief strategy officer chez BNP Paribas Fortis. Cela change. Le redressement de la zone euro est en cours et beaucoup de pays, qui avaient jusqu’à présent sous-performé, doivent être tenus à l’oeil.  »  » La plupart des pays sortent lentement de la récession et rattrapent leur retard accumulé ces derniers temps, enchaîne Luc Charlier. Depuis plusieurs mois, on observe également des entrées massives de capitaux.  »

Les pays émergents, par contre, ne semblent plus être l’eldorado d’antan. Les difficultés économiques internes et monétaires rencontrées par certains ont refroidi les ardeurs. L’Asie resterait malgré tout courtisée, l’Amérique du Sud, un peu moins.  » On n’est pas chaud pour entrer de façon agressive dans les pays émergents, résume Philippe Gijsels. Il ne faut pas les oublier, mais il faut bien observer leurs fondamentaux et se montrer plus sélectifs.  »

Quant au Japon, en proie à de profondes difficultés depuis deux décennies, il pourrait se ressaisir à terme grâce aux expérimentations menées par le Premier ministre Abe. A confirmer, toutefois, sur la durée.

Diversification sectorielle, enfin.  » Ce sont les valeurs cycliques qui performent le mieux et non les défensives « , assure Patrick Vandenhaute. Sont épinglés le pharma, les fonds biotech, l’industrie, les secteurs innovants…

Obligations : les stars déchues

Dans ce contexte de retour en grâce des actions, les obligations se font voler la vedette alors qu’elles avaient occupé le devant de la scène durant la période post-crise. Pour 2014, la tendance est unanimement à la sous-pondération de ce type d’actifs, dont le rendement en général frôle le ras des pâquerettes.

Tout dépendra – comme toujours – du niveau de sécurité souhaité par les investisseurs. Pour les plus frileux d’entre eux, Test-Achats conseille par exemple d’y consacrer 55 % de leur portefeuille. Mais seulement 30 % pour un profil  » de base  » (voir infographie ci-dessus) et à peine 10 % pour les plus aventureux.

Quelle que soit la proportion privilégiée, mieux vaudrait jeter son dévolu sur les produits qui n’immobiliseront pas les deniers de l’investisseur à trop long terme. Au risque, dans le cas contraire, de louper de futures meilleures opportunités.

Ce qui ne devrait néanmoins pas arriver dans un futur proche, à en croire Jérôme van der Bruggen.  » La politique de la banque centrale américaine ne pourra pas rester si conciliante. Elle va devoir progressivement réduire ses injections de liquidités, ce qui va forcément peser sur le rendement des obligations.  »

Les obligations d’Etats et leur rentabilité peu élevée seraient à éviter. Surtout celles émanant des pays au coeur de l’Europe, selon Luc Charlier.  » Les obligations venant de la périphérie de la zone euro génèrent par contre les return les plus intéressants, plaide- t-il. Même celles de pays en difficultés. Les obligations grecques ont notamment rapporté en moyenne 30 %, les Espagnoles ou les Finlandaises 10 %, mais les Allemandes moins de 1,8 %.  » Des obligations à haut rendement seraient aussi à chercher du côté des dettes émergentes. A condition de se montrer sélectif.

L’or a perdu de son éclat

La ruée vers l’or semble bel et bien révolue. Il est loin, le temps où l’once se négociait à plus de 1 900 dollars. La fourchette actuelle oscille plutôt entre 1 100 et 1 300 dollars. Tant mieux pour ceux qui ont revendu avant la chute. Tant pis pour les autres…

Il est peu probable que la tendance baissière s’inverse dans l’immédiat : le métal jaune fonctionne généralement à contre-courant du marché. Il s’apprécie lorsque tout val mal et vice-versa. L’attrait que lui ont porté les marchés après la crise le démontre. Puisque le mot à la mode en 2014 sera  » reprise  » (aussi frémissante soit-elle), pas de raison de se précipiter sur cette valeur refuge. Pas la peine de revendre à tout crin non plus. Mieux vaut patienter.

Car l’or peut malgré tout jouer le rôle de soupape agréable en cas de futur coup dur.  » Mais nous ne conseillons pas plus de 5 à 10 % du portefeuille « , avance Nicolas Claeys pour Test-Achats.  » Sur le long terme, cela peut constituer une protection contre l’inflation, ajoute Bart Van Craeynest, pour Petercam. Mais sur le court terme, c’est une assurance qui va coûter de l’argent plutôt qu’en rapporter.  »

Immobilier : la brique s’achète avec prudence

 » Nous ne sommes pas pessimistes, mais nous ne le recommandons pas non plus.  » En une phrase, Patrick Vandenhaute (Belfius) résume le sentiment communément partagé concernant l’immobilier : ce n’est sans doute pas (plus) là que les juteuses opportunités de rendement sont à chercher.

Difficile de confirmer l’hypothèse maintes fois avancée d’une surévaluation de la brique belge. Mais la période serait à la stabilisation après une tendance haussière. Peu de chances, a priori, que les prix continuent à augmenter et qu’une belle plus-value soit à la clé.  » On peut toujours trouver des opportunités, mais pour cela il faut bien connaître le marché local « , conseille Bart Van Craeynest.  » Celui qui investit dans l’immobilier ne va pas faire fortune dans les cinq prochaines années mais ne va probablement pas perdre 20 % non plus « , anticipe Philippe Gijsels.

Mieux vaudrait enfin analyser toutes les sources de frais (entretien du bâtiment, impôt, revenu cadastral…) qui viendraient amputer les revenus générés par les loyers. Obtenir au final un rendement de 1,5 % n’est guère plus réjouissant que de laisser dormir son argent sur un compte d’épargne…

Par Mélanie Geelkens

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