Prof, un métier extraordinaire

Depuis plusieurs jours, je lis dans la presse des plaintes de profs. J’en viens à me demander si j’ai des élèves de rêve, ainsi que des collègues de rêve et des directions de rêve… J’ose à peine l’affirmer, j’ai presque honte : je suis un prof heureux. Parce que j’ai des élèves exceptionnels ? Je ne crois pas. Mes élèves sont des élèves de rêve, comme tous les élèves. Mais si les rêves du sommeil viennent tout seul, les rêves de la vie demandent des efforts pour être réalisés.

Bien sûr que j’ai eu mes moments durs, c’est vrai que j’ai accumulé des échecs. (…) Certains me trouveront obscène, mais j’ose malgré tout l’affirmer aussi haut et fort que ceux qui se plaignent : le métier d’enseignant est un métier extraordinaire. Qui apporte chaque jour un nombre incalculable de joies et de satisfactions. Je me sens dévalorisé par ces  » collègues  » qui affirment que les  » jeunes d’aujourd’hui  » ne veulent plus travailler. N’est-ce pas notre rôle de donner le goût du travail aux élèves ? Qui considèrent que les élèves n’ont pas les connaissances voulues. N’est pas notre responsabilité de leur apprendre ? Je ne peux être solidaire de ces collègues. Je ressens tous les jours la perception négative des élèves qui ne se sentent pas respectés par ces remarques désobligeantes. (…) Arrêtons de manipuler l’opinion. Accorder 5 ans de congé payé aux profs à 55 ans n’améliorera pas les conditions de travail. Faire croire qu’il est impossible pour les profs de donner plus d’heures de cours alors que beaucoup donnent des cours particuliers est peu crédible. Dire dans la même phrase qu’il y a trop de profs et qu’il n’y en a pas assez est risible  » La suppression des DPPR (départs précédant la pension de retraite) augmentera le chômage et la pénurie  » (sic).

Toute crise est une opportunité. La ministre Simonet a été professionnelle en proposant comme pistes de réduire les dépenses les plus importantes. Elle le sera encore plus si elle applique une technique redoutable : celle du  » zero based budget « . C’est-à-dire de reprendre chaque dépense et ensuite se poser trois questions ; la première, cette dépense va-t-elle augmenter la qualité de l’enseignement ? Ensuite cette dépense va-t-elle améliorer les conditions de travail des enseignants. Et, enfin, quelle est la priorité de cette dépense par rapport aux autres dépenses ? Gageons que les syndicats adhéreront à cette démarche. Démarche qui améliorera la qualité de l’enseignement, rendra meilleures les conditions de travail et peut-être dégagera des moyens pour payer plus les profs qui travaillent plus…

Xavier Guyaux, enseignant et administrateur de société, par courriel

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