Prénom : Sagamore

Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Fils et frère de comédiens, Sagamore Stévenin, l’interprète de Cages, fait partie d’un  » clan  » pour lequel cinéma rime avec liberté.

On imagine le bonheur de Jean-François Stévenin lorsqu’il voit ses enfants Sagamore (32 ans), Robinson (26 ans) et Salomé (22 ans) s’illustrer au grand écran comme il le fit lui-même de façon remarquable. L’interprète de Truffaut, Rivette, Téchiné, Blier et Mocky, réalisateur lui-même de films épatants comme Passe-montagne, Double messieurs et Mischka, sera fier de découvrir l’interprétation passionnée que son aîné offre dans Cages, le premier film incandescent du jeune cinéaste belge Olivier Masset-Depasse. Amant d’une Anne Coesens elle aussi formidable en jeune femme qu’un accident laisse traumatisée, muette, Sagamore restitue de manière vibrante les tourments d’un homme qui voit son amour se murer dans le silence et son couple se lézarder.

 » Mes premiers souvenirs de cinéma remontent à l’enfance, se souvient l’acteur. Mes parents ayant divorcé très tôt, je me suis vite retrouvé sur des tournages avec mon père. J’étais le môme qui traînait dans un coin du plateau, qui observait tout, qui prenait des repères de vie, avec, notamment, ces  » grands-oncles  » que furent machinistes, électriciens, accessoiristes des films que faisait papa. Cet univers était pour moi comme un cirque avec des grands fauves que je pouvais approcher sans crainte. La curiosité qui y règne, les voyages, les gens hors normes, tout cela m’a donné envie de faire mon chemin dans le cinéma. Pas forcément comme acteur, ou comme acteur seulement, car je voulais et je veux toujours faire des films en tant que réalisateur, écrire et être producteur, aussi.  »

Contrairement à ses frère et s£ur, qui travaillèrent précocement comme acteurs, Sagamore fit ses premières armes parmi les techniciens.  » Mais je voyais bien les regards que les metteurs en scène me lançaient, on me trouvait une gueule intéressante, de celles qu’on préfère mettre devant la caméra que derrière…  » S’inscrivant dans un débat sur l’inné et l’acquis qu’il abhorre particulièrement, la question d’un quelconque déterminisme familial suscite de la part de Stévenin une moue dubitative.  » Je suis très méfiant vis-à-vis de ce concept, car, s’il y a prédestination, il n’y a plus d’évolution possible. La transmission entre notre père et nous, elle est venue de ce que nous avons pu voir de lui, de sa vie d’acteur et de réalisateur, de ses joies, de ses moments de solitude. On parle très peu métier, entre nous. Il m’est bien arrivé de l’appeler, le soir ou parfois même la nuit, parce que, sur le tournage où j’étais, j’avais quelque mal à gérer certains rapports humains… Mais il n’a jamais essayé de nous transmettre verbalement, de manière explicite, quelque leçon que ce soit par rapport à nos chemins respectifs.  »

 » Mon père ressemble pour moi aux rockers de la grande époque, libres et rebelles, conclut Sagamore Stévenin, il a une capacité unique à aimer les gens comme ils sont, particulièrement les écorchés de la vie. Quand il filme, on voit son amour des êtres, des acteurs. Et c’est rare ! Aujourd’hui, de moins en moins de réalisateurs filment leurs acteurs avec amour. Il y a de la distance, de la peur, de l’incompréhension… Mon père a aussi cet art de pouvoir voler aux gens ce qu’ils ont de meilleur, pour l’offrir au spectateur. J’aimerais devenir à mon tour un voleur de ce genre !  »

Louis Danvers

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