Prendre des risques diversifiés

Avec des taux d’intérêt au plancher, l’investisseur pourrait être tenté de prendre un peu plus de risques pour accroître son capital. A condition de les maîtriser grâce à une diversification optimale du portefeuille.

L’incertitude financière constitue un réel défi pour les épargnants qui désirent maintenir leur niveau de vie, surtout au regard du vieillissement de la population. Car comment tirer un revenu confortable de son capital, pendant une période de plus en plus longue, dans un contexte de taux d’intérêt historiquement bas ?

 » Nous sommes dans une situation jamais constatée auparavant avec une grave crise économique et financière qui a été suivie par une répression monétaire inédite pour l’épargnant, analyse Danny Reweghs, directeur stratégie de la lettre de placement l’Initié de la Bourse. Afin de redresser l’économie, les banques centrales ont assoupli depuis plusieurs années leur politique monétaire, caractérisée par une politique de taux (quasi-)nuls et l’injection massive d’argent dans le système.  » Cette politique a eu deux conséquences. D’une part, les taux à long terme ont atteint des planchers. Par exemple, le taux des obligations linéaires à dix ans a baissé sous la barre des 2 %, et rien n’indique qu’il remontera dans les prochains mois. D’autre part, les actions ont déjà anticipé un hypothétique redressement économique. L’indice BEL20 a ainsi progressé de plus de 50 % sur les deux dernières années, signe également que les investisseurs ont repris un peu goût au risque.

Dans ce contexte, une seule solution : diversifier. L’objectif de l’investisseur n’est pas seulement de se focaliser sur le rendement de son portefeuille mais aussi de contrôler les risques. Il convient donc de diversifier à tous les niveaux : optez pour plusieurs banques, choisissez de répartir le risque sur différents actifs et, au sein de chaque classe d’actifs, diversifiez les titres, les échéances, les régions et les secteurs. Danny Reweghs recommande dès lors à un investisseur ayant un profil de risque neutre (ni trop agressif ni trop défensif – voir graphique en page 42), de maintenir environ 10 % de liquidités pour profiter des turbulences sur les marchés financiers et de mettre à profit toute correction éventuelle. 5 % d’or aidera l’investisseur à se protéger contre les excès d’endettement des Etats et 5 % d’immobilier à relever légèrement le rendement moyen du portefeuille. Et, même dans un contexte de taux faibles, la moitié du portefeuille pourra être investie en obligations.  » Il conviendra de bien répartir les échéances (en visant une échéance moyenne de 4 à 5 ans), les débiteurs (en privilégiant ceux de haute qualité affichant au moins une notation A) et les devises, en ajoutant des obligations en dollars américain, australien et couronne norvégienne à côté des obligations en euro « , commente Danny Reweghs.

Toujours les actions

Le solde du portefeuille, soit environ 30 %, pourra encore être investi en actions, même si elles ont déjà bien progressé ces deux dernières années.  » Les actions ne sont pas vraiment bon marché mais, tant que les taux d’intérêt restent faibles, il n’y a pas beaucoup d’alternative. Les titres qui proposent un dividende élevé doivent être privilégiés en portefeuille, pour autant que la politique de dividende soit stable « , précise le spécialiste de l’Initié de la Bourse. C’est vrai que l’économie est en phase de reprise dans les marchés occidentaux et, si l’on en croit le Fonds monétaire international, la croissance économique des pays développés devrait atteindre 2,3 %, soit 1 % de plus qu’en 2013. Ce n’est pas la panacée mais ce serait un retour à un niveau normal.

Les actions américaines ont anticipé plus fortement le redressement économique et sont dès lors relativement chères actuellement. Selon Danny Reweghs,  » il est donc préférable de sous-pondérer cette région. Par contre, les actions européennes restent attrayantes et n’ont pas encore anticipé complètement le redressement des bénéfices des entreprises « . De plus, elles pourront profiter d’un mouvement de fusions et acquisitions grâce aux liquidités actuellement détenues par les entreprises. Mais la région la plus attrayante, moyennant les précautions d’usage, est clairement celle des marchés émergents :  » Ces derniers mois, nous avons connu une crise sur ces marchés. Pour les investisseurs avec un horizon de placement à long terme, c’est une opportunité d’y investir en actions mais également en obligations et fonds de placement. Cette région n’a jamais été aussi intéressante ces dernières années.  »

Au rayon des secteurs et entreprises les plus attractifs pour un horizon de cinq à dix ans, Danny Reweghs pointe  » en premier lieu les entreprises qui pourront profiter d’une augmentation de la consommation dans les pays émergents « . Et le stratège de citer Nestlé, Unilever, Coca-Cola, Volkswagen, Adidas, Henkel, Inditex et LVMH. En outre,  » le secteur pharmaceutique est en point de mire pour profiter du vieillissement de la population dans les pays occidentaux et du futur vieillissement dans les pays émergents. Le secteur agricole pourrait profiter de la croissance de la population mondiale et d’une modification des habitudes alimentaires dans les pays émergents. Enfin, le secteur de l’énergie reste attirant pour sa stabilité ainsi que le niveau élevé de ses dividendes « . Les actions de ce secteur peuvent dès lors représenter de  » bonnes valeurs de fonds de portefeuille « .

Par Julien Lheureux

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