Police : une réforme bâclée ?

L’article  » Polices-Justice, réformes : la désillusion  » ( Le Vif/L’Express du 13 février) m’interpelle à plus d’un titre et pour cause : Cette  » réformette « , car tel est son véritable nom, s’est faite dans la précipitation, l’ignorance la plus complète… comme d’habitude. Profonde erreur d’avoir voulu fusionner ces deux corps qui avaient leur raison d’être, leur propre formation, leur propre mentalité et, surtout, leur véritable spécificité ! Certes, l’ex-gendarmerie, corps d’élite, il est vrai, malgré ses défauts, était perfectible. Idem pour la police communale. Ce que l’on ne dit pas assez et ce qui fait défaut au sein de cette nouvelle police, ce sont (et c’est loin d’être nouveau) les difficultés relationnelles avec l’autorité petite ou grande pour la plupart. Trop de nouvelles nominations au grade supérieur, d’où coût trop élevé de cette réformette et ce, au détriment de la  » base  » (et du public). Trop de lourdeur administrative eu égard à cette nouvelle génération d’officiers. Exemple, là où il n’y avait qu’un ex-gendarme, on en a mis trois, voire parfois davantage ! Manque de formation et même, peut-être, de compétence parmi certains nouveaux promus ! Manque de  » communication  » avec la base, surtout, laquelle donne, dans la mesure de ses possibilités, le meilleur d’elle-même avec trop souvent de pauvres moyens. Cette base, déjà confrontée aux nombreuses et dangereuses difficultés du terrain, l’est davantage avec sa hiérarchie directe, laquelle est trop tatillonne. (…) Quant au nouveau  » code de déontologie « , trop de pages pour la base et pas assez pour l’autorité !

Je suis policier et presque honteux de l’être. De plus, je crois ne pas être seul dans ce cas, dans cette boutique où nous sommes entrés voici quelques années plein d’idéal. Honteux du débat actuel qui cherche à rejeter sur certaines personnes une responsabilité qui ne leur incombe pas. Que la réforme ne soit pas (encore) une réussite, personne ne le nie ! Mais que tout ce qui ne marche pas soit la  » faute  » du top de la police fédérale est une explication un peu courte. J’en veux pour preuve les points suivants, politiquement incorrects mais pourtant vrais, n’en déplaise à certains ténors syndicaux ou politiques :

(…) Les policiers de terrain ne se reconnaissent pas dans ce statut d’indisponibilité permanente, imposée par des syndicats dont la représentativité ne fut acquise (heureusement pour eux) que sur papier. A quand de véritables élections sociales ? Les policiers, il faut oser le dire, sont très bien payés (trop, disent certains) ! On a acheté leur frustration  » réformistique  » en en faisant un des corps de police les mieux payés d’Europe, alors la moindre des choses serait de travailler en contrepartie ! Les critiques malhonnêtes à l’encontre d’une bureaucratie soi-disant trop lourde négligent un point important, à savoir que cette administration doit réaliser la fusion de quelque 40 000 fonctionnaires dont les statuts et les droits étaient différents ! La réforme doit être, non pas révisée, mais continuée. En effet, elle n’a été jusqu’à présent qu’un exercice syndical et budgétaire de quelques technocrates, et son fonctionnement n’a été que (très) peu amélioré. Alors, s’il vous plaît, laissons là les critiques des passifs, les regrets des dinosaures tant locaux que fédéraux, les agendas cachés de certains politiques en campagne électorale et allons de l’avant.

Roger Giot, Natoye

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