La secrétaire d’Etat Marlène Schiappa a remis sous les projecteurs un magazine quelque peu oublié. © playboy

Playboy

Le Vif

Qui l’achetait encore? Peu de monde. L’adolescent masturbateur, qui découvre la sexualité en feuilletant un magazine érotique, avec tout ce qui s’ensuit (l’acheter en cachette, le planquer dans les recoins les plus secrets, ruser pour s’en débarrasser…), ou, à l’inverse, son père, pour qui la revue est aussi un lieu où des sujets sérieux se discutent? Alors que tous deux disposent désormais du porno-numérique gratuit, et ce au bureau, en cours, dans le tram… Une longue interview sur les droits des femmes et des photos accordées par une secrétaire d’Etat française, Marlène Schiappa, remet en avant un périodique quelque peu oublié. Le «journal de fesses» devenu un «mook d’intello», selon son directeur français, paraît la première fois aux Etats-Unis en 1953, avec Marilyn Monroe en couverture. Le succès est rapide. En 1972, ses playmates et ses oreilles de lapin font partie de la pop culture. Puis c’est la chute, face à la concurrence du Net. En 2015, plus de nu intégral dans Playboy: la nouvelle formule doit plaire aux annonceurs et ne pas transgresser les filtres Internet. Chaque parution livre toujours des femmes dénudées, très, et on croise entre autres plumes celles de Cédric Collard, d’Eric Zemmour, d’Ivan Rioufol ou de Marc-Edouard Nabe, des polémistes d’extrême droite et/ou antisémites. Etait-ce là le lieu pour soutenir le féminisme? La réponse revient à Isabelle Rome, ministre et collègue de Marlène Schiappa: «Défendre les droits des femmes dans Playboy revient à lutter contre l’antisémitisme en accordant un entretien à Rivarol, l’hebdo d’extrême droite révisionniste.» Tout l’art de bien choisir.

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