Installée sur la plage d'Ostende, l'oeuvre se comprend comme un constat aux accents écologiques. © Laurent De Meyer

Pillage of the Sea (2021) Rosa Barba

Le titre de cette oeuvre est emprunté à la poétesse américaine Emily Dickinson dont on connaît le goût pour le mystère et l’attirance quasi mystique pour la nature. Ce « pillage » évoqué est celui qu’opère la mer sur le langage. Face aux flots bleus mouvants, Dickinson s’avouait sans voix, sans mots. Si cette expression évoque une fascination, Rosa Barba (Agrigente, 1972) s’en sert également pour suggérer une autre réalité, à mille lieues de la première. Dans son sens le plus immédiat, le Pillage de la mer se comprend comme un constat aux accents écologiques rappelant tacitement que souiller ce milieu marin ne saurait rester impuni. Posée sur la plage d’Ostende, l’oeuvre de la plasticienne italienne se présente à la façon d’une série de sacs de toile de jute empilés les uns sur les autres – en réalité, il s’agit de béton coulé dans du textile. De façon évidente, Barba signe une sculpture qui emmène le spectateur du côté du cairn, cet amas de pierres qui sert au voyageur à trouver son chemin. Une sorte de repère? Oui, certainement, mais pas seulement géographique, il s’agit d’une balise pour les générations à venir. Chacun des sacs correspond ici à une ville – Buenos Aires, Bangkok, Rio de Janeiro, Miami, Jakarta et Madras – et sa taille est proportionnelle au nombre d’habitants qu’elle accueille. L’artiste a mis en adéquation la position ces contenants-cités avec le danger réel encouru face à la montée des eaux. Du coup, l’urgence est matérialisée et observable à tout moment: le niveau de la mer du Nord par rapport à l’oeuvre indique dans le même temps la mesure du changement climatique à l’oeuvre sur le globe. Il reste que Pillage of the Sea fait partie de Beaufort 21, 7e édition d’une triennale alignant 21 oeuvres en plein air au fil des différentes stations balnéaires de la Côte. La curatrice, Heidi Ballet, a sélectionné un remarquable panel d’artistes dont Laure Prouvost (La Panne), Sammy Baloji (Zeebrugge) ou encore Raphaela Vogel (Middelkerke).

Sur la plage d’Ostende (à hauteur du point-noeud vélo 57), jusqu’au 7 novembre.

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