PEU D’ARGENT RÉCUPÉRÉ

On a commencé à parler vraiment de la fraude sociale en 2007. Le constat était déjà inquiétant : sur l’année, de véritables filières criminelles, le plus souvent actives dans le cadre de l’immigration, avaient coûté à l’Etat des centaines de millions d’euros, voire même plus de 1 ou 2 milliards, selon d’incertaines estimations. Mais, dès 2008, le Service de recherche et d’information sociale (Sirs) observait une hausse de 14,8 % des infractions en la matière. En 2009, Luc Falmagne, auditeur du travail à Liège (ancien de Bruxelles, il était très au fait de la situation nationale), évaluait pour sa part la perte annuelle de l’Etat à 2 ou 3 milliards d’euros. Quant au SPF Emploi, il expliquait en janvier dernier que la fraude avait pu atteindre jusqu’à 4,4 milliards en 2010. Et ceci alors que les services de Carl Devlies admettaient, en même temps, que 120 millions seulement étaient récupérés en moyenne, chaque année. Hormis la construction, le nettoyage industriel, le secteur du transport ainsi que l’Horeca sont les plus touchés. Et si Bruxelles fut la première concernée, le phénomène s’étend, notamment, dans le Hainaut.

Pis :  » Aujourd’hui, c’est l’emballement « , confie encore un acteur judiciaire bruxellois au Vif/L’Express.  » A lui seul, l’un des dossiers en cours met en lumière un manque à gagner pour l’Etat de plusieurs dizaines de millions d’euros, à cause d’une organisation criminelle puissante. A l’autre bout de la lorgnette, on pourrait citer le cas de H., un multirécidiviste isolé qu’un collègue a arrêté cinq fois et qui a engendré à lui seul quelque 800 sous-dossiers. Je dois bien vous dire que, vu de notre côté, l’ampleur de la fraude sociale est en passe de dépasser celle de la fraude fiscale « , achève cet interlocuteur.

Certes, une polémique d’envergure a surgi l’an dernier quant à l’importance réelle de cette  » référence  » qu’est la fraude fiscale. D’un côté, une étude commandée par la FGTB faisait état d’une perte annuelle de 16 milliards d’euros au moins, pour le Trésor. Le hic, c’est que le secrétaire d’Etat à la Lutte contre la fraude fiscale, Bernard Clerfayt (MR), avait affirmé qu’un amalgame avec des activités illégales  » non fiscalisables  » ou relevant de la fraude… sociale y avait été commis. Quant à la Banque Nationale, elle estimait alors la triche fiscale, en baisse, à 3 ou 4 milliards l’an.

R.P.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire