Petite ville, grand Malmundarium

Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

L’ancien monastère de Malmedy abrite aujourd’hui un outil culturel ambitieux, où des musées, des expositions temporaires et de multiples services communaux se côtoient avec bonheur.

L e froid commence tout doucement à poindre. Mais, en cette matinée de novembre, le ciel est d’un bleu généreux. Adossé à la cathédrale, l’ancien monastère de Malmedy, sous cette jolie lumière, ne pouvait pas mieux se présenter à nous. Première réflexion, à… froid : un si grand outil culturel pour une si petite cité (6 000 habitants en son c£ur, 12 000 avec les villages alentours), cela n’a rien de banal. Il en impose, il faut dire, ce Malmundarium, planté depuis avril dans un bâtiment doté de 3 000 m2 d’espace visitable. Sans compter tous les services qui y ont élu domicile (services techniques, urbanisme, espace numérique, syndicat d’initiative, Royal Club wallon, où l’on cultive la langue wallonne, etc.) Un bâtiment racheté en 1985 par la Ville, alors qu’il était, jusque-là, occupé par l’Athénée local.

Cette idée de centraliser plusieurs services touristiques et culturels semble porter ses fruits.  » Nous visons 15 000 visiteurs à l’année et, pour le moment, nous comptabilisons entre 8 et 10 000 entrées payantes, alors que le Malmundarium n’a ouvert qu’en avril 2011. Si nous visons actuellement les groupes scolaires et seniors, ce sont évidemment les mois d’été qui sont les plus prolifiques, en termes de visiteurs. Nous nous situons au pied des Fagnes. La Vallée de la Warche ou la Vallée de l’Amblève ont énormément de succès auprès des visiteurs, tout comme les réserves naturelles, les promenades à pied ou en VTT. Malmedy est, par ailleurs, une commune extrêmement fleurie. Elle reste, à bien des égards, très propice au tourisme « , confie Jean Maus, responsable de ce nouvel outil culturel, et qui fut lui-même… élève à l’Athénée qui occupait jadis ces murs.

Chagall, les surréalistes, Ensor…

La bonne inspiration du Malmundarium, c’est d’une part d’avoir réuni dans un même lieu diverses activités culturelles et touristiques. Mais surtout d’y encourager les  » sauts  » naturels de l’une à l’autre, comme une sorte de parcours où le  » package complet  » du tourisme malmédien serait offert au visiteur. On passe en effet très vite (pas forcément en toute logique parfois, cela dit) du cloître et de la galerie Mon’Art aux différents ateliers, puis au Trésor de la cathédrale, puis à l’Historium (dans les combles), puis à l’espace du Châtelet, puis au Coin des artistes, etc.

Bien entendu, pour être tout à fait exhaustif dans l’offre touristique locale, l’espace eût dû offrir… de longues promenades dans les Fagnes. Lesquelles demeurent très certainement l’atout numéro 1 de la région pour attirer le chaland. Mais la visite globale étant plutôt sportive elle-même, avec ses innombrables salles, on reste quand même un petit peu dans l’esprit.

Justement, ce parcours… On commence dans le cloître, avec une expo temporaire consacrée au carnaval (jusque début décembre). Les expos temporaires font certainement partie des enjeux majeurs que développe le Malmundarium : après Chagall, le carnaval et le bédéiste Jean-Claude Servais, l’ancien monastère accueillera une rétrospective liée aux surréalistes. Avant de voir James Ensor débarquer dans ses élégants murs.  » Nous souhaitons en effet attirer une grosse exposition par an. C’est un produit d’appel « , explique Jean Maus, qui fait partie des cinq travailleurs à plein temps que compte une institution qui n’a pas fini de se renouveler : la cour intérieure sera prochainement pavée et en partie couverte.

Le premier atelier, consacré au cuir, mérite qu’on s’attarde sur… son nom. Si ces  » mini-musées  » sont ainsi nommés, c’est tout simplement pour une question de subsides. L’interactivité doit régner dans ces murs pour que l’argent régional puisse les abreuver. Sur 2,65 millions d’euros d’investissements destinés à remodeler les lieux, près de 1,6 million provient des caisses du CGT (Commissariat général au Tourisme de la Région wallonne)…

Incrusté dans une petite pièce du bâtiment, l’atelier du cuir se veut didactique, moderne, efficace. Tout comme le papier, le cuir fait partie des  » anciennes gloires industrielles  » de la région. L’actuel Malmedy Expo, par exemple, n’était autre que la tannerie Utammo dans un passé pas si lointain. Ces industries se sont effacées, au fil du temps, et leur rendre hommage de manière interactive et ludique semblait tout naturel.

Poutres apparentes

Entre l’atelier du cuir et l’atelier du papier, c’est avec un plaisir non dissimulé que l’on se retrouve nez à nez avec les quinze masques (expression qui désigne en réalité les costumes traditionnels de carnaval) typiques de la ville. Notamment ceux de La Haguette, la plus connue des sociétés de carnaval de Malmedy. Le folklore carnavalesque y tient évidemment une place très importante et ce petit voyage, prolongé quasi sans transition vers l’atelier papier, nous le fait sentir de sympathique façon.

Rapatrié de la Maison Cavens, où était installé le Musée national du Papier, l’atelier papier permet au chaland (qui a réservé un guide) de pouvoir assister concrètement à la confection du papier. Toujours dans des salles aussi modestes que faciles à appréhender. Ce qui n’est pas plus mal.

Le premier étage étant consacré à la bibliothèque et aux services communaux non accessibles au public, on doit prendre l’ascenseur (peut-être le moment le moins cohérent de la visite, mais les expos installées sous le toit recèlent leur lot de charme) pour se rendre sous les poutres apparentes du dernier étage mansardé du Malmundarium. Pour des raisons d’économies (mais aussi, assure-t-on, pour dévoiler le travail des charpentiers de l’époque), certaines salles ne sont ni isolées, ni chauffées.

Au deuxième étage, le parcours donne parfois l’impression d’être un joyeux fourre-tout où l’on peut tomber sur tout et n’importe quoi. Ce qui, entre parenthèses, rend la chose fort attachante. On croise une ligne du temps de Malmedy, des photos de masques vénitiens, des personnages de BD, etc. Mais si la chaleur n’est pas toujours au rendez-vous, le charme y est. Et mérite qu’on s’y attarde un petit peu. Avant d’aller se balader dans les Fagnes !

GUY VERSTRAETEN

En décembre débutera une expo sur l’Histoire des cantons de l’Est

(lire en p. 83)

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