Pauvre Rabelais… et pauvre Pierre Rabhi !

Dr Massimo Pasuch, Limal, par courriel

Pour tous ceux qui connaissent (bien) Pierre Rabhi, l’intervention du colonel e.r. Ghenne dans le Forum du 6 mai est surprenante : son caractère  » déplacé  » témoigne d’une méconnaissance absolue du sujet en profondeur.

Le seul propos véritable de Pierre Rabhi est de reprendre la célèbre phrase de Rabelais :  » Science sans conscience n’est que ruine de l’âme.  » Jamais il ne s’est érigé contre le progrès en tant que tel, mais bien contre les dérives manipulatrices des spéculateurs de tout poil, génératrices de la fin de la biodiversité, indispensable à la survie de notre planète. Est-il si difficile à comprendre que les actions suivantes sont suicidaires : monopoliser la vente de certains pesticides stérilisant la terre, la distribution d’engrais plus que spécifiques et indispensables au chaos précédemment orchestré, vendre ( même aux pays du tiers-monde ) des graines donnant des plantes  » stériles  » et donc les inféoder à une dépendance obligée… ? […]

Tous ces produits sont issus de la science, mais le concept a été détourné à des fins purement mercantiles : la science, c’est extraordinaire et indispensable, mais il faut la conscience.

Beaucoup de mes confrères médecins vous diront que ce que nous rencontrons dans nos consultations et hôpitaux n’est souvent que le malheureux aboutissement de nos errances, et  » Survivre « , c’est précisément toute une science, assurément plus présente dans la tête d’un Pierre Rabhi que dans l’optique néolibérale. Un peu d’humilité, que diable ! Si, indiscutablement, la science génère des progrès vertigineusement positifs et appréciables, nous sommes aussi – par ailleurs – les champions de la dérégulation, pour ne pas dire de brillantissimes  » fouteurs de merde « , et ce du point de vue santé, société, environnement au sens large et…  » capital « , pour ne pas l’oublier, dont les fluctuations – purement aléatoires – relèvent du terrorisme financier à grande échelle et entraînent des différences abjectes, viviers d’autres terrorismes….

Le néolibéralisme se trompe de combat : une stratégie de profit immédiat, des alliances douteuses dans l’urgence et purement mercantiles, une absence totale de projet à long terme, et des armes illusoirement efficaces dans l’immédiat, mais  » de destruction massive  » à plus longue échéance. En cas d’avarie ? Dommage, mais absence totale de  » plan B « . L’actualité regorge d’exemples en la matière.

La science – en particulier l’agronomie – fait ce qu’elle  » peut  » ; et l’homme dispose et fait ce qu’il  » veut « . Autant bien choisir : il y a toujours eu des lois et des moyens de les contourner : il en va de même de toutes les grandes découvertes et apports de nos chercheurs.

La seule utopie réside – à mon sens – non pas dans les propos de Monsieur Rhabi, mais dans l’illusion que le système (fortement hypnotique) nous permettra un jour de freiner notre frénésie de produire sans cesse et de consommer au-delà du raisonnable, en anéantissant la planète. La nature devrait être la plus forte, mais les appétits insatiables des plus déments d’entre nous en viendront à bout si la démocratie ne fonctionne pas  » à fond les manettes « .

Et pourtant, d’après les grands scientifiques, penseurs et philosophes de notre époque, l’homme  » pourrait  » s’en sortir. […]

n Dr Massimo Pasuch, Limal, par courriel

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