Par ici, la sortie

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

En un an, 16 hauts cadres de l’entreprise ont quitté le navire, dont une série, contre leur gré. Le patron, Didier Bellens, n’aime guère être contredit…

Journées portes ouvertes chez Belgacom : après 15 autres, Mélanie McCluskey, chef de cabinet de Didier Bellens, a été priée de quitter l’entreprise. Sa mise à pied, non justifiée officiellement, a été immédiate. Elle travaillait dans le groupe depuis 2001.

Au début du mois de juin, deux autres collaboratrices avaient déjà connu le même sort, et non des moindres : Concetta Fagard et Florence Coppenolle. La première, 42 ans, ex-secrétaire de l’administrateur délégué Didier Bellens, était en charge de l’engagement sociétal, des relations publiques, du sponsoring et de l’image de marque de l’entreprise.

La seconde, 35 ans, ancienne porte-parole mais aussi conseillère de premier rang du président du PS Elio Di Rupo, était directrice de la communication interne et externe. Toutes deux, présentes dans l’entourage immédiat de Didier Bellens, étaient en confrontation directe depuis la révélation dans la presse d’importantes dépenses consenties par Concetta Fagard pour l’achat de décorations de Noël. Depuis, celle-ci soupçonnait, à tort, Florence Coppenolle d’avoir informé les journalistes, ce que l’intéressée avait démenti et ce que n’avait jamais prouvé une enquête interne. Les tensions étaient telles que Florence Coppenolle envisageait de déposer plainte pour harcèlement contre Concetta Fagard, à l’instar d’autres membres du personnel.

Une valse de départs

Ce énième départ parmi les hauts gradés de l’opérateur télécom a suscité quelques remous et de nombreuses questions. Car, en moins d’un an, ce sont 16 cadres de l’entreprise, vice-présidents ou membres du comité de direction, qui l’ont quittée, volontairement ou non. Parmi eux, Michel De Coster (vice-président Business et Entreprises), Monia Ben Saoud, brièvement conseillère de Didier Bellens, Grégoire Dallemagne, en charge de la stratégie ou encore Stijn Vander Plaetse, responsable de l’innovation.

Avant Florence Coppenolle, trois autres responsables de la communication avaient déjà quitté le navire depuis l’arrivée de Didier Bellens à la tête de Belgacom, en 2003. Piet Van Speybroeck, qui occupe aujourd’hui les mêmes fonctions à Bpost, Thierry Bouckaert, devenu administrateur délégué du bureau de conseil en communication Accanto, et Ingvild Van Lysebetten, désormais directrice de la communication chez Carrefour. Sans parler de Jean-Charles De Keyser, patron de Belgacom TV pendant six ans, reconverti récemment, tout vice-président qu’il reste, en  » conseiller stratégique « .

Interpellée au Parlement, la ministre de tutelle, Inge Vervotte, a jugé que  » des changements au sein du personnel d’une grande entreprise active dans un marché dynamique ne sont pas inhabituels « . Ce qui est confirmé en interne : plusieurs départs sont enregistrés chaque année parmi les 40 à 50 vice-présidents et les 200 directeurs de Belgacom. Un prochain conseil d’administration se penchera néanmoins sur le sujet.  » Ce sont, chaque fois, de vrais talents qui quittent l’entreprise. Et ça, c’est préoccupant « , lâche un proche du dossier. Nombreux sont ceux qui mettent en cause le caractère fort de Didier Bellens, qui n’accepte autour de lui que des collaborateurs ne le contredisant jamais.

Plusieurs responsables politiques – l’Etat belge restant actionnaire majoritaire de Belgacom – se sont aussi inquiétés de la hauteur des indemnités de rupture versées à tous ces cadres évincés. Le seul Michel De Coster avait perçu quelque 984 000 euros lors de son départ, après deux ans seulement à ce poste. L’indemnité versée à Grégoire Dallemagne, autre membre du comité de direction, figurera dans le prochain rapport annuel du groupe. Les montants ne seront pas communiqués pour les autres partants, la loi n’imposant la transparence que pour les membres du comité de direction.

LAURENCE VAN RUYMBEKE

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