Où accrocher le Rideau ?

Faute de salle provisoire promise par le palais des Beaux-Arts de Bruxelles où est logé le Rideau de Bruxelles, le théâtre a dû annuler son prochain spectacle. Le premier acte d’un avenir problématique ?

Le Rideau de Bruxelles, théâtre logé depuis toujours dans le palais des Beaux-Arts de Bruxelles (actuellement dit Bozar), a dû supprimer les représentations d’ Elseneur, la pièce du Belge Clément Laloy, produite par la compagnie du metteur en scène Frédéric Dussenne. Raison : il n’a pas de toit à lui offrir. Depuis l’automne, il attend une salle provisoire promise par le palais des Beaux-Arts en septembre 2006, lors de la démolition de la petite salle que le Rideau occupait depuis 1948. Une démolition éclair qui mit ses occupants devant le fait accompli : le palais des Beaux-Arts invoqua l’urgence des travaux à effectuer au Musée du cinéma, également abrité dans les lieux. Soit. Mais il y a l’art et la manière. Cette promesse d’un lieu provisoire (pour 3 saisons), en attendant la reconstruction d’une nouvelle salle pour le Rideau, s’est heurtée aux riverains du lieu choisi, dans la toute proche impasse Villa Hermosa, qui se sont opposés à l’obtention du permis d’environnement. Ce premier retard a contraint le Rideau à un déménagement dans l’urgence, dans un lieu trouvé par lui-même, pour un seul spectacle : Black Bird, mis en scène par Michael Delaunoy, le nouveau directeur du théâtre.

Mais rien n’a changé depuis… en dépit de nouvelles promesses de Bozar pour le mois d’août. Pourtant, lors de la conférence de presse tenue par le Rideau le 18 avril, Bozar n’a pu avancer de garanties formelles ni offrir de solution de rechange en ses murs, malgré la convention de collaboration (janvier 2007), qui lie pour trente ans l’institution fédérale dirigée par Paul Dujardin et le théâtre de la Communauté française. C’est qu’ici, en dépit du partenariat privilégié entre les deux institutions depuis la création du Rideau en 1943, deux logiques s’affrontent : la nécessité de rentabilité (donc location des salles à divers producteurs) de Bozar, et le besoin d’un lieu de création non événementiel, comme le Rideau.  » Ces logiques sont-elles compatibles ?  » s’interroge Michael Delaunoy. Le Rideau, seul représentant de la Communauté française dans un environnement fédéral, a-t-il encore sa place dans le palais construit par Horta ? S’agit-il d’une volonté de flamandisation du lieu – récusée par Bozar ? Michael Delaunoy n’a pas voulu s’aventurer sur ce terrain. Outre la reconstruction exigée de sa petite salle, le Rideau a déposé un projet de rénovation de la salle M (qui pourrait devenir sa grande salle, remplaçant  » le Studio  » actuel qu’il partage depuis 1991 avec d’autres locataires). De quoi pallier son manque permanent de structures et permettre son développement. Mais il attend aussi un soutien réel de la Communauté française qui veut le maintien de sa présence francophone au palais, qui annonce qu’elle n’a pas de moyens pour une autre solution – au même moment où elle augmente de façon considérable les subsides de certaines institutions… A suivre.

Michèle Friche

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