Anne-Sophie Bailly © HATIM KAGHAT

Nous avons de la chance. Tâchons de nous en souvenir.

Nous voilà avec, entre autres, des écoles, magasins, cafés et restaurants, centres sportifs et lieux culturels fermés. Un pays sous cloche. Une population désemparée. Nous voilà aussi avec un gouvernement. Et toujours des questions.

Sanitaires. Parviendrons-nous à aplanir la fameuse courbe ? A enrayer l’épidémie ? Notre structure hospitalière tiendra-t-elle le coup ?

Sociétales. Comment allons-nous vivre cette mise en quarantaine ? Chacun parviendra-t-il à restreindre sa liberté individuelle au bénéfice de l’intérêt collectif ?

Politiques. A l’heure de passer aux actes et d’opérer des choix, les postures idéologiques referont-elles surface et compliqueront-elles la tâche de ce gouvernement d’unité quasi nationale ?

Philosophiques. Comment ce qui nous semblait jusqu’ici acquis peut-il nous être retiré ? Reviendrons-nous au monde d’avant ? Allons-nous évoluer vers un nouveau paradigme économique et social ?

Economiques. Comment les commerçants trouvent-ils la parade ? Comment les entreprises assurent-elles la continuité de leur business tout en veillant au bien-être de leurs collaborateurs ? Résisteront-elles au choc ? Jusqu’où plongeront les marchés financiers ?

Beaucoup de questions, donc, et quelques certitudes.

En premier lieu, l’obligation de s’adapter à une nouvelle donne. Le coronavirus est un game changer. Il y aura un avant et un après. Ce que la crise financière n’aura pas réussi à modifier, cette crise le fera. Reste à savoir dans quelle mesure. Les avis divergent. Pour les uns, la mondialisation et la croissance infinie ont montré leurs limites. Les marches pour le climat, les gilets jaunes, le Brexit avaient induit cette soif de changement. Pour les autres, les impératifs économiques reprendront rapidement le dessus. A ce stade, personne n’a la réponse. Mais parions qu’elle sera nuancée.

Profitons de l’occasion pour nous poser les questions essentielles. Pour interroger notre rapport aux autres. Au temps. A la planète. A la valeur de l’argent. A nos priorités.

Ensuite, profitons de l’occasion pour regarder en face nos comportements. Pour nous poser les questions essentielles. Pour interroger notre rapport aux autres. Au temps. A la planète. A la valeur de l’argent. A nos priorités.

Enfin, mettons cette crise à profit pour prendre conscience que nous avons de la chance. Beaucoup de chance. De pouvoir, en temps normal, circuler librement. Voir qui nous voulons quand nous le voulons où nous le voulons. Echanger, discuter, s’affronter. Créer. Compter sur un système de soins de santé efficace.

La chance, aussi, de vivre dans un Etat démocratique. Qui n’a restreint notre liberté que pour répondre à une urgence et préserver le bien commun. Pas au nom d’un arbitraire.

Tâchons de nous en souvenir. Demain, dans six mois, dans six ans. Et lorsque nous devrons retourner dans l’isoloir.

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