Nos Rois et Reines mis à nu

Philippe, l’hyper-consciencieux et ambitieux, a rencontré la chance de sa vie : Mathilde, Reine modèle. Après Baudouin l’intimidant et Fabiola la faussement docile, après Albert l’accommodant et Paola la sanguine, le nouveau couple royal vise la perfection. Le Vif/L’Express dévoile leur profil.

Un an de règne, et Philippe est sur la bonne voie. A condition de se surveiller : un faux pas est si vite arrivé… Heureusement, Mathilde n’est jamais loin. Mathilde, la Reine modèle, qui se charge avec un talent rare de tenir à l’oeil son royal époux, de le protéger contre lui-même.

Que peut-il bien se passer dans une tête couronnée ? Un Roi ou une Reine des Belges ne se couche pas sur un divan, pour se livrer à une séance d’introspection. Leurs Majestés ne sont pourtant pas de bois. Une posture, une expression, voire un propos, tout finit par les trahir. Par révéler une soif d’ambition, un goût pour la domination, un fond de frustration, un sens aigu du devoir, un tempérament conciliant, un penchant querelleur, un instinct méfiant. A doses plus ou moins tolérables.

On ne règne plus aujourd’hui comme on régnait il y a un demi-siècle. On attend désormais d’un Roi qu’il fasse profil bas : qu’il soit consciencieux, conciliant, sociable. D’une Reine, on exige en principe très peu, vu son absence d’existence constitutionnelle : on réclame néanmoins qu’elle se dévoue aux côtés de son royal époux, qu’elle l’assiste dans sa charge délicate, mais qu’elle se tienne à l’arrière-plan, discrète, efficace dans la gestion de la sphère familiale.

Pleins feux sur Philippe et Mathilde, le nouveau couple royal depuis un an. Avant eux, Albert II et Paola, Baudouin et Fabiola, sont passés par là. Ils se sont offerts au regard de ceux qui les entourent, les côtoient, les observent ou les jugent. Ils ont laissé d’eux une foule d’impressions, renvoyé une image, dégagé une perception de leur personnalité.

Le comportement affiché par les trois derniers couples royaux de Belgique a piqué la curiosité d’un étudiant anversois. Maarten Brusseleers leur a appliqué la technique du profiling psycho-politique, éprouvée par l’équipe de Christ’l De Landtsheer, spécialiste en sciences de la communication à l’Université d’Anvers (voir la méthode utilisée en page 38). Cette cartographie à distance de six personnalités royales révèle quelques tendances lourdes.

Un trait de personnalité sort du lot : le côté consciencieux. Philippe, longtemps héritier désigné du trône, enfin devenu Roi, affiche un sens du devoir à un degré très élevé. Deux Reines sur trois, Fabiola et Mathilde, en font aussi un trait saillant de leur personnalité. Albert II et Paola ne peuvent en dire autant, eux qui sont les moins bien classés de la catégorie. A leur décharge : ni l’un ni l’autre n’étaient préparés à régner.

Les trois couples royaux se distinguaient ou se distinguent aussi par leur penchant accommodant, conciliant. C’est le trait dominant affiché par Albert II, et que son frère Baudouin exprimait aussi de manière importante, mais que l’on retrouve moins dans la posture de Philippe. Dominateurs, ambitieux, joviaux, voire querelleurs : les six têtes couronnées montrent également d’autres facettes de leur personnalité.

Baudouin, Albert II, Philippe : le comportement méfiant est l’apanage des Rois. Logique, dans le chef de tout souverain condamné à ne commettre aucune erreur.  » Ils se montrent toujours circonspects et ne font pas facilement confiance aux gens. C’est certainement le cas de Philippe « , relève Maarten Brusseleers. Philippe, depuis toujours, a dû lutter pour démentir la perception qu’il n’avait pas l’étoffe d’un Roi : cela laisse des traces.

Sans surprise : Albert II et Paola décrochent la palme du couple perçu comme le plus jovial, le plus extraverti. Paola en fait même son trait de caractère dominant.

Philippe, c’est l’image forte d’un sacré tempérament. Hyper-consciencieux et ambitieux, il est la seule des six personnalités royales à afficher ces deux traits de caractère à un état presque dysfonctionnel. Le tout couplé à un penchant dominateur et querelleur…

Une telle palette n’est pas sans danger, à l’ère de la monarchie moderne. Maarten Brusseleers :  » Le danger pour Philippe réside dans une attitude autoritaire, un style proche de l’entêtement, une image de soi responsable.  » Manifester une ambition exagérée, pousser le sens du devoir jusqu’à l’excès de zèle, n’est plus compatible avec la posture d’un Roi prié de se tenir coi.

Rien n’est perdu.  » L’obstacle ne doit pas être insurmontable pour Philippe « , estime le chercheur anversois. Le nouveau Roi relève, dans le jargon du profiling, de ces  » individus bureaucratiques invétérés  » : attachés à exercer loyalement leurs fonctions, fidèlement engagés au service des buts et valeurs de l’institution.

L’avènement au trône a fait du bien à Philippe.  » Il n’a plus à prouver qu’il peut devenir Roi, puisqu’il l’est.  » Les premiers pas qu’il a posés sur le terrain politique issu du scrutin du 25 mai sont de bon augure. Le parcours est sans faute, la volonté de bien faire manifeste : son net penchant consciencieux fait ses preuves.

Intervient aussi la providentielle Mathilde, l’atout charme de la monarchie.  » La personnalité de Mathilde peut compenser les traits affichés par Philippe et qui pourraient lui être préjudiciables « , relève Maarten Brusseleers. Mathilde, c’est un peu l’ange gardien de Philippe, qui veille à canaliser son mari vers une posture plus attendue : accommodante, sociable.

Cherchez la femme… Philippe partage avec son oncle Baudouin le tournant qu’a représenté l’irruption d’une femme dans sa vie. Avec Fabiola, le  » Roi triste « , au profil docile, maniable, se métamorphose. Il se montre toujours aussi consciencieux, mais s’affirme de plus en plus dominateur et donc moins accommodant. La mue achève de façonner l’image d’un Roi aux principes moraux élevés, qui fait autorité.

 » Alors que Fabiola et Paola obtiennent, sur certains paramètres, un score supérieur à celui de leur mari, Mathilde n’affiche que des résultats inférieurs à Philippe, lesquels sont il est vrai très élevés.  » Maarten Brusseleers y soupçonne l’effet du tempérament méridional et plus sanguin de l’espagnole Fabiola et de l’italienne Paola, comparé à la réserve  » typiquement belge  » de Mathilde, l’exception belge.

Par Pierre Havaux

Après l’espagnole Fabiola et l’italienne Paola, la réserve  » typiquement belge  » de Mathilde tranche

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