Monti retaille la Botte

Le président du Conseil poursuit sa politique d’austérité. Cette fois, il veut couper dans les dépenses des collectivités locales, prodigues de l’argent public.

Le 31 juillet, le palais des Normands, joyau de Palerme, devait perdre son prince. Dans cet édifice fastueux, qui fut successivement un fort punique, romain, un château arabe, puis normand, et abrite aujourd’hui l’assemblée régionale, le président de la région de Sicile, Raffaele Lombardo, devait présenter sa démission. En cause, sa gestion désastreuse des comptes publics de la région autonome. Avec un déficit de 5,3 milliards d’euros (6 % du PIB de l’île) et une dette de 21 milliards d’euros, la Sicile est étranglée. La voici contrainte de passer sous la tutelle de l’Etat central. Mario Monti, président du Conseil italien, a exigé, en contrepartie, la démission du Sicilien, qui jetait l’argent par les fenêtres.

Car c’est bien d’un système qu’il s’agit, le clientélisme érigé en mode de gouvernement : ces derniers mois, alors que Rome, confrontée à la spéculation sur les taux, tentait de rassurer les marchés par un programme d’austérité, la région de Sicile continuait à embaucher plusieurs milliers de fonctionnaires supplémentaires, en portant le total à 17 995. Comme l’exemple vient de haut, les autres collectivités locales font de mêmeà L’île recense ainsi 24 880 gardes forestiers ! Les élus ne se négligent pas non plus : un député régional reçoit entre 14 000 et 17 000 euros par mois. La Mafia touche, elle aussi, son dû : l’ex-président de la région, Salvatore Cuffaro – surnommé  » Bisou-Bisou « , car il se vante d’avoir embrassé un quart de la population de l’île -, purge une peine de sept ans de prison pour avoir  » favorisé la Mafia « . Et son successeur, Raffaele Lombardo, est soupçonné par la justice de  » concours externe  » en association mafieuse.

Epaulée par l’Etat central, la Sicile devrait échapper au défaut de paiement. La région devra toutefois réduire ses effectifs. Le plan global d’économies dans les dépenses publiques de 26 milliards d’euros que Mario Monti jure de mettre en £uvre d’ici à 2014 frappera aussi d’autres collectivités locales.  » Quelques municipalités commencent à avoir des problèmes de trésorerie et pourraient, en août, ne pas parvenir à payer leurs propres employés « , a prévenu, la semaine dernière, le maire de Pavie, vice-président de l’Association des municipalités italiennes.

Le nombre de provinces doit diminuer de plus de la moitié

Les régions et provinces dont les exécutifs mènent grand train – le président de la province de Bolzano touche 20 % de plus que le président des Etats-Unis – vont être amenées, elles aussi, à se mettre à la diète. D’autant que, le mois dernier, le Conseil des ministres a adopté une réforme qui vise à réduire, d’ici à décembre, le nombre de provinces de 110 à une quarantaine. A l’automne 2011, Silvio Berlusconi, encore aux affaires, avait bien envisagé la suppression de cet échelon, mais le projet était resté dans les limbes. Monti, lui, passe à l’action. Ce membre de la commission Attali, réunie en 2007 par Nicolas Sarkozy, à peine élu, n’a, à l’évidence, pas oublié que parmi les recommandations de l’aréopage figurait la suppression des départementsà

Jean-Michel Demetz

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