Cochons en élevage, 2009.

Michel Vanden Eeckhoudt

Des porcs empilés les uns sur les autres. On a coutume de décrypter ce genre d’images. Elles témoignent de notre mépris du vivant, de notre inhumanité. Qui peut encore ignorer aujourd’hui l’issue fatale de tels entassements? Qui peut faire fi de ce qu’ils annoncent? « Business as usual », serait-on tenté de dire.

Photographe de grande empathie à l’oeil rivé sur les vies minuscules, Michel Vanden Eeckhoudt (1947 – 2015) lave le genre humain de ses péchés, lui accorde une rédemption visuelle en noir et blanc. De l’amas porcin, il isole un regard qui dit la peur, qui vient chercher le spectateur pour lui murmurer que ces créatures à quatre pattes ne sont pas moins errantes, pas moins fragiles que nous ne le sommes. On se reconnaît en elles, on assume enfin de ne pas être séparés d’elles pour notre plus grande humilité. Il faut dire qu’elles ne sont pas moins dignes d’intérêt non plus, émanations de la même épiphanie mystérieuse dont personne ne connaît encore le fin mot.

A travers la rétrospective de 250 images, dont la moitié est inédite, le Musée de la photographie de Charleroi nous invite à prendre toute la mesure de cet humaniste de la « banalité sublimée » comme l’écrit son directeur Xavier Canonne – à ce propos, on ne dira jamais assez la consolation que cela représente au moment où le pire fléau du monde s’invite sous un nouvel avatar. Qu’il se promène dans les jardins botaniques ou aux quatre coins du monde, ce cofondateur de l’agence VU isole ce que nous ne prenons plus la peine de voir. Car, oui, lorsque nous y regardons de près, et tentons d’en faire et d’en dire le moins possible, le réel est beau et touchant. Mieux, à travers son objectif, Michel Vanden Eeckhoudt nous montre aussi combien il peut être drôle.

Au Musée de la photographie, à Charleroi, jusqu’au 22 mai.

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