Manger vert, manger moins cher ?

L’alimentation durable et saine est-elle forcément plus onéreuse ? Non, assurent les spécialistes. Pourvu que l’on respecte deux principes de base : acheter local et de saison.

Quinze à vingt kilos de nourriture à la poubelle par an : le Belge n’a pas de quoi être fier de son gaspillage alimentaire. Ni de ses habitudes culinaires : trop de viande, trop de produits gras, trop de plats préparés, pas de respect des saisonnalités des produits… Tout le contraire de l’alimentation verte. Comprenez : durable et saine. Parce que le temps manque, parce qu’on se dit que c’est plus facile, parce qu’on pense que c’est moins cher. Vraiment ?

Contrairement aux idées reçues, bien manger ne signifie pas nécessairement consommer bio.  » Celui qui ferait ce choix exclusif verrait plus que probablement sa facture augmenter, car certains produits bio sont plus chers de 20 à 30 %, même si d’autres sont moins onéreux. Mais ce n’est qu’un seul angle de l’alimentation durable « , expose Catherine Maréchal, chargée de mission  » achats verts  » chez Ecoconso.

Une règle d’or : cuisiner soi-même

Les enjeux de la  » bonne bouffe  » sont multiples : problématique des pesticides, gaspillage, commerce équitable, surplus d’emballage… Deux principes, surtout, doivent guider ceux qui veulent améliorer la durabilité de leur assiette : acheter local et de saison. Exit, les fraises en février qui ont dû traverser la terre en avion et ont perdu leur goût en chemin. Oubliées, les tomates en janvier pour lesquelles il aura fallu surchauffer les serres.

 » Il s’agit d’en revenir à une alimentation plus raisonnée, résume Anne-Marie Verbrugge, diététicienne en chef au Centre hospitalier universitaire de Liège. Un peu comme ce que faisaient nos grands-parents.  » A ce jeu-là, le portefeuille en ressortirait souvent gagnant.  » Acheter des légumes de saison, c’est financièrement réaliste !  » De même, diminuer la quantité de viande serait non seulement profitable pour la santé (les recommandations nutritionnelles parlent de 100 grammes par jour…) mais aussi pour son budget.

Peu importe le menu, une règle d’or : cuisiner soi-même.  » C’est vrai qu’on n’a pas toujours le temps, concède Catherine Maréchal. Mais il faut retrouver le plaisir de la préparation.  » Quitte à faire mitonner de grandes quantités puis à congeler des portions.

Dans l’une de ses brochures, Ecoconso s’est livré au jeu des comparaisons. Un petit déjeuner  » habituel  » (céréales, lait, jus de fruit en Tetra Brik, café) coûterait 1,80 euro, contre 1,20 euro pour sa version  » durable  » (1 yaourt bio, un fruit de saison, deux tranches de pain, beurre, café, eau). Un exemple parmi d’autres. Evidemment, la différence de coût sera plus ou moins élevée en fonction de ses habitudes d’achat. Un adepte du hard discount qui se mettrait à acheter durable alourdira davantage son budget que celui qui ne jure que par les marques.

L’offre de plus en plus abondante de paniers bio, de groupes d’achats collectifs, de producteurs locaux, etc., facilite l’accès à ces denrées locales et de saison.  » Parfois, on livre sur le lieu de travail, même plus besoin de se déplacer !  » note Anne-Marie Verbrugge. A des prix variables, mais pas forcément exorbitants.  » Il faut aussi penser aux coûts indirects, rappelle Catherine Maréchal. L’emballage, par exemple, peut représenter 20 % du prix d’un produit traditionnel. Si la récolte de déchets dans sa commune se fait au poids, on le paie une nouvelle fois.  »

Au bout du compte, que manger vert coûte plus ou moins cher, les bénéfices sont finalement à chercher du côté de la santé… qui n’a pas de prix, elle, c’est bien connu.

M. Gs.

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