Maître René ou le retour du réalisme

Alexandre Charlier
Alexandre Charlier Journaliste sportif

Repris en main par le Limbourgeois René Vandereycken, les Diables rouges disputent mercredi à Anderlecht, face au Kazakhstan, leur premier match qualificatif pour l’Euro 2008 en Suisse et en Autriche

Après Magritte, c’est probablement le René le plus célèbre de Belgique. Vandereycken. Ou plutôt Maître René. Le surréalisme ? Pas trop son dada. Puits de science tactique, l’homme est concret. Malin. Rusé. C’est souvent le cas avec ces personnages qui n’élèvent jamais la voix. Eux donnent le la, les autres s’accordent… Et avec cette pointe d’accent limbourgeois délicieusement chantant, Maître René en a hypnotisé plus d’un !

Ce n’est toutefois pas à cause d’une hallucination collective que l’Union belge de football, aux abois, et le grand public, désillusionné, ont plébiscité René Vandereycken lors de son intronisation à la tête des Diables rouges (décembre 2005). Puisque Eric Gerets n’avait décidément toujours pas le mal du pays et que Marc Wilmots ne faisait pas l’unanimité malgré ses services rendus à la nation, la direction technique de l’Union belge, menée par Michel Preud’homme, avait logiquement jeté son dévolu sur un coach  » libéré  » en juin 2005 par le Racing de Genk. A l’heure du choix, sa rigueur, son charisme et son expérience pesaient plus lourd que sa réputation de psycho-rigide, sa manière de communiquer imprévisible et sa réputation de tueur de spectacle. Quant à son  » casier  » à l’Union belge, on l’oublia gentiment, préférant retenir ses 50 matchs avec les Diables plutôt que son retour précipité de la Coupe du Monde 86 pour incompatibilité d’humeur avec le staff de Guy Thys et Franky Vercauteren, notamment…

Au RWDM (1994- 1995), grâce à une parfaite organisation,  » VdE  » hissa un groupe aux moyens limités jusqu’en Coupe d’Europe. Mais cette même méthode allait lui valoir de mémorables broncas, l’année suivante, à Anderlecht, où il ne séjourna que 5 petits mois… Pas le moins du monde traumatisé par son échec mauve, notre homme s’appuya sur un contrat en béton pour vivre sereinement trois longues saisons sabbatiques. Le football n’est pas tout dans la vie de René. Il est ambassadeur officiel de SOS Villages-Enfants. Père de deux enfants, Vanessa et Dimitri, grand-père, il est amoureux de l’Italie. L’ancien joueur du Genoa (1981- 1983) voue d’ailleurs une véritable passion aux vins et grappas de la Péninsule. La cave de sa coquette maison sise à Stevoort est impressionnante. Tout autant que son salon privé, distinct du salon familial, où un mur d’écrans lui permet de ne pas rater le moindre dribble à travers le monde ! Même si Hasselt regorge de magasins chics, René préfère prendre l’avion pour faire son shopping. Accompagné de son épouse, il fait ainsi des sauts réguliers à Rome ou à Milan. Homme de goût, Vandereycken est également un homme d’argent. Il ne ressemble en rien à la caricature du footballeur quadragénaire,  » paumé  » après la perte de son statut de vedette sur et en dehors des stades. René a fait fructifier ses gains. Sa s£ur travaille dans l’immobilier et lui-même possède des biens. Compter n’a donc jamais été un problème pour lui. Ses contrats sont sans faille, et le moindre coup de canif dans un  » deal  » est clairement stipulé… et le préjudice estimé. Le nouveau coach national gagne plus que son prédécesseur, Aimé Anthuenis, qui flirtait avec les 275 000 euros par an. Vandereycken espérait 400 000 euros. A-t-il mis de l’eau dans son Brunello di Montalcino ? Oui, sans doute. Le montant exact de ses émoluments est gardé secret. La cassette  » Diables  » de l’Union belge s’est en tout cas vidée, au point de mettre un temps en danger l’engagement des assistants Stéphane Demol et Théo Custers.

La reconstruction du football belge est lancée. Objectif : la qualification pour la phase finale de l’Euro 2008 en Suisse et en Autriche. Pour y parvenir, il faudra sortir vainqueur d’un marathon qualificatif : Portugal, Serbie, Pologne, Finlande, Azerbaïdjan, Kazakhstan et Arménie. Le pays entier compte sur le réalisme de Maître René.

Alexandre Charlier

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