Mais par où Jacqueline Galant se rend-elle au Parlement ?

Ettore Rizza
Ettore Rizza Journaliste au Vif/L'Express

 » Quand je vois certains quartiers de Bruxelles que je traverse pour me rendre au Parlement, il y a des zones de non-droit, où les communautés étrangères ont pris le dessus sur la communauté belge.  » Jacqueline Galant, Le Soir, 6 août 2013.

A droite toute. Interrogée par Le Soir, la députée fédérale MR Jacqueline Galant se lâche. Le  » libéralisme social  » à la Richard Miller, très peu pour elle. Ses chevaux de bataille pour la campagne qui s’annonce : sécurité et asile-immigration. Sur ce dernier point, la bourgmestre de Jurbise rejoint feu son ancien président Daniel Ducarme, auteur voilà déjà plus d’une décennie d’un tonitruant :  » L’intégration est un échec.  »

Passons sur l’amalgame entre communautés et nationalité. Concentrons-nous plutôt sur cette phrase martelée à deux reprises dans la même interview :  » Quand je me rends au Parlement en passant par Anderlecht, dans certains quartiers, je ne vois plus une enseigne en français. Ce n’est pas normal !  »

CURIEUX Comme le fait Jacqueline Galant depuis dix ans, nous avons effectué le trajet entre la région montoise et le siège du Parlement fédéral, en suivant les consignes de l’un des GPS les plus réputés du marché. Que ce soit en mode  » parcours le plus rapide  » ou  » le plus court « , le navigateur conseille d’emprunter la E19 et de prendre la sortie  » Anderlecht « , qui mène au boulevard Industriel. L’itinéraire se poursuit avenue Fonsny, le long de la gare du Midi, et débouche directement sur la petite ceinture, direction porte de Hal. Le tout conduit directement à la rue de la Loi en n’empruntant que boulevards et tunnels.

A aucun moment l’usage d’un dictionnaire ne semble s’imposer, même devant la gare du Midi. C’est pourtant précisément dans ce quartier que la députée, précise-t-elle au Vif/L’Express, aurait constaté l’absence de toute enseigne en français. Mais la Jurbisienne admet n’avoir  » aucun sens de l’orientation « . Peut-être s’est-elle un jour trompée de sortie et a-t-elle emprunté la chaussée de Mons ? Ce chemin beaucoup moins roulant mène aussi rue de la Loi, mais en passant cette fois par l’arrière de la gare, le long de l’administration communale et du quartier de Cureghem. Pourtant, sur ce tracé également, on croise une multitude d’enseignes en français.

Ce qui ne veut pas dire que les  » ghettos  » qui interpellent la députée sont le fruit de son imagination. On peut en trouver quelques-uns à Anderlecht comme dans d’autres communes bruxelloises (les abords de l’église royale Sainte-Marie à Schaerbeek, par exemple). C’est le lot de nombreuses grandes villes cosmopolites. Jacqueline Galant l’admet d’ailleurs volontiers :  » Je n’ai pas voulu stigmatiser Anderlecht, ni Bruxelles. Mais il ne faut pas se voiler la face, il existe des quartiers dans certaines grandes villes où la mixité n’est pas une réussite.  »

Reste à savoir comment se sont créées ces poches  » mono- culturelles « . Sont-elles le fruit d’un manque d’intégration de certains migrants de fraîche date, de politiques locales ou, dans le cas de Bruxelles, du désintérêt, voire de la méfiance, que la capitale inspire aux deux autres Régions du pays ? Les trois à la fois, peut-être.  » Il manque dans notre pays une observation fine des mutations de la ville « , regrette en tout cas Gaëtan Van Goidsenhoven, bourgmestre sortant d’Anderlecht et actuel premier échevin MR. Qui, sans rancune, propose à sa copartisane une visite guidée de la 8e commune la plus peuplée de Belgique.

Ettore Rizza

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