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Comment prendre soin de ses poumons?

Ludivine Ponciau
Ludivine Ponciau Journaliste au Vif

Eviter le tabac ne suffit pas pour prendre soin de ses poumons. Pour notre respiration comme pour notre alimentation, rester vigilant aux facteurs environnementaux est un bon réflexe.

Il est de loin le plus meurtrier de tous: le cancer du poumon tue chaque année 6 500 patients en Belgique. Usual suspect, le tabac est responsable de l’apparition de 80% des cancers pulmonaires et de 95% des cancers à petites cellules, la forme la plus agressive de la maladie. Les autres pathologies les plus fréquentes qui dégradent les poumons sont la bronchopneumopathie chronique obstructive (pouvant être associée à différentes conditions pathologiques affectant la capacité respiratoire, telles que l’emphysème) et l’asthme.

Notre alimentation, l’air que nous respirons, l’exposition à des rayonnements ou à des radiations, certaines habitudes de vie: autant de paramètres qui entrent dans le champ de l’exposome, terme qui désigne l’ensemble des expositions actives ou passives à différents facteurs extérieurs que subit un humain dès sa conception. Or, comme le souligne l’Institut national français de la santé et de la recherche médicale (Inserm), les facteurs environnementaux seraient à l’origine de plus de 70 % des maladies non transmissibles, qu’il s’agisse de troubles cardiovasculaires ou métaboliques, de cancers ou encore de problèmes respiratoires chroniques. «Cet exposome peut être à l’origine d’inflammations du poumon et, in fine, de phénomènes de dégénérescence potentiellement aggravée en fonction des fragilités génétiques que chacun peut présenter», développe le Pr Julien Guiot, pneumologue et allergologue au CHU de Liège.

Du radon aux rayons

Outre le tabac, d’autres facteurs sont liés à des affections respiratoires pouvant toucher certaines catégories de personnes (mineurs, carriers, travailleurs exposés à l’amiante). On pense aussi au radon, présent dans les caves d’anciennes habitations. Selon l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN), l’exposition au radon est d’ailleurs la deuxième cause des cancers du poumon dans notre pays (7%), le risque étant plus important encore chez les fumeurs.

Pour savoir si ce gaz radioactif pollue votre habitation, il est possible de réaliser des tests à l’aide d’un détecteur capable d’en mesurer la concentration (à commander sur actionradon.be). La surexposition aux irradiations médicales est encore un autre facteur défavorable. En 2016, lors du lancement de la campagne «Pas de rayons sans raisons», on constatait que la charge de radiations due aux examens médicaux en Belgique était environ 1,5 fois plus élevée qu’en France et jusqu’à trois fois plus grande qu’aux Pays-Bas. Mieux vaut donc s’assurer que chaque examen est bien nécessaire.

Gare aussi aux allergènes qui nous entourent. «Nous pratiquons de plus en plus, en médecine respiratoire, une analyse de toutes les particules dans les milieux intérieurs et extérieurs, précise le Pr Guiot. Les maisons peuvent être chargées d’allergènes. On pense souvent aux animaux de compagnie ou aux acariens, moins aux moisissures rejetées par l’humidité des murs ou aux sources de chaleur comme les poêles à bois ou à pellets. L’hygiène des habitations, qui passe aussi par l’isolation, l’assainissement, la ventilation, va dans le sens d’un poumon en bonne santé.»

Prendre soin de ses poumons dans l’air mais aussi dans l’ assiette

Nos modes de vie nous ont également rendus plus fragiles. «Nous sommes moins exposés qu’avant à certaines choses, ajoute le pneumologue. On a des activités moins rurales, on passe moins de temps à l’extérieur. Il y a probablement aussi un lien avec les changements d’habitudes alimentaires, qui pourraient mener à une modification de notre microbiote intestinal. Or, de manière similaire, le poumon bénéficie également d’un environnement microbien particulier. On sait que l’environnement au sens large, soit les infections, les antibiotiques, les pesticides peuvent changer le microbiote et être à l’origine d’une fragilité comme les allergies et les affections respiratoires chroniques.»

Le poumon est un organe en contact permanent avec le milieu extérieur et il peut également souffrir du dysfonctionnement d’autres organes. Ainsi, une toux, par exemple, peut être liée à une pathologie pulmonaire ou à des phénomènes de rhinite avec coulage postérieur ou du reflux gastro-œsophagien acide.

80%

Le tabac est responsable de l’apparition de 80% des cancers pulmonaires et de 95% des cancers à petites cellules, la forme la plus agressive de la maladie.

La découverte

L’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) a mis en place un programme de rééducation des poumons par le chant, après un Covid long. Les premiers effets du projet «Respire», en partenariat avec l’Opéra de Montréal, sont encourageants. Une expérience similaire est menée à Londres.

Prendre soin de ses poumons: pour aller plus loin

L’art de bien respirer

Journaliste scientifique pour des publications américaines de renom, James Nestor a publié Respirer. Le pouvoir extraordinaire de la respiration (trad. française en 2021, Solar) , un ouvrage dédié à la respiration, «clé de notre santé et de notre bien-être». Pour nous apprendre à mieux respirer, l’auteur est allé à la rencontre de scientifiques, de grands maîtres du yoga et de sportifs de haut niveau.

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