Louis Tobback ne veut pas des Pays-Bas

Fusionner la Flandre et les Pays-Bas? Une idée absurde, pour le bourgmestre (SP.A) de Louvain. Même si, à ses jeux, la révolution d’opérette de 1830 a été une fâcheuse erreur…

Vous avez déclaré, dans le passé, regretter amèrement la révolution de 1830, qui a débouché sur l’indépendance de la Belgique et sa séparation d’avec les Pays-Bas. Vous êtes donc favorable à l’idée, lancée par le nationaliste hollandais Geert Wilders, de fusionner la Flandre et les Pays-Bas ?

C’est fou ce que je peux être mal compris ! Ou alors, c’est moi qui ne m’exprime pas clairement… Le fait que je sois orangiste ne veut absolument pas dire que je suis en faveur d’une  » fusion  » entre la Flandre et les Pays-Bas !

Cela signifie quoi, être  » orangiste  » ?

Pour moi, la révolution de 1830 a été une erreur. Elle a été provoquée par des catholiques qui refusaient de devenir protestants, et par des francophones qui avaient peur de devoir parler le néerlandais. Aucune de ces deux motivations ne me séduit et je trouve que les conséquences ont été fâcheuses.

Aucun Flamand n’était en faveur de l’indépendance de la Belgique ?

Pas beaucoup, en effet… Cela dit, une bonne partie des Hollandais en ont été enchantés. A l’époque, le royaume de Guillaume Ier comptait 4 millions de Belges et de Luxembourgeois, pour seulement 2 millions de Hollandais. Ceux-ci se sentaient donc en minorité dans cet Etat. Beaucoup ont préféré être premiers chez eux plutôt que seconds dans un grand pays.

Le protestantisme vous séduit ?

Pas plus le protestantisme que le catholicisme, puisque je suis agnostique.

Quelles ont été, d’après vous, les  » conséquences fâcheuses  » de l’indépendance de la Belgique ?

Le désastre de la guerre de 1914-1918, notamment. Si le royaume uni des Pays-Bas avait encore existé, cela ne se serait jamais passé. Un autre exemple : si le royaume uni des Pays-Bas existait toujours, nous ferions aujourd’hui partie du G7 (NDLR : le groupe des sept pays les plus industrialisés de la planète).

A vous entendre, on comprend mal pourquoi vous ne soutenez pas l’idée d’une fusion Flandre-Pays-Bas !

Mais parce qu’elle est parfaitement irréaliste !  » Fusionner  » deux pays ? ça ne veut rien dire ! En outre, laissez-moi vous dire que je ne soutiendrai absolument aucune idée émanant de Geert Wilders, cet extrémiste de droite, ce populiste vulgaire, qui ne sait que faire pour s’attirer l’attention des médias après le bide de son film islamophobe.

Votre orangisme est donc purement nostalgique ?

On peut dire ça, oui. J’aurais été favorable à la continuation du royaume des Pays-Bas, intégrant l’actuelle Belgique, le Luxembourg et la Hollande. Mais, à l’époque, on n’aurait pas pu me demander mon avis…

Mais si la Belgique venait à disparaître, ne serait-ce pas là une bonne solution pour la Flandre ?

 » Si la Belgique venait à disparaître…  » : cette phrase n’a aucun sens pour moi. Depuis trente ans, elle n’en finit pas de disparaître. Et qu’est-ce qui la remplace, petit à petit ? L’Europe. Plus de la moitié de notre législation est déjà européenne.

La Wallonie, elle, pourrait demander le gîte et le couvert à la France…

Vous croyez cela ? Mon pronostic à moi, c’est que la province de Luxembourg se tournera vers le grand-duché de Luxembourg. Si les Liégeois étaient intelligents, ils s’intéresseraient plutôt aux régions proches de la Meuse, à Maastricht et à Aix-la-Chapelle, plutôt qu’à la France. Allons, cessons ces élucubrations ! L’avenir est aux communautés urbaines, à l’instar de celle formée par Courtrai, Mouscron et Lille. Pas à la  » fusion  » de deux Etats.

Il y a pourtant des points communs, entre les Hollandais et les Flamands…

Ah bon ! ?

Entretien : Isabelle Philippon

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