L’objectif 2018 exige de nouveaux stades

Alexandre Charlier
Alexandre Charlier Journaliste sportif

Le salut du football belge passerait-il par la brique ? Cela bouge de Bruges à Genk, en passant par Gand, Anvers, Bruxelles et Liège.

Le Heysel est-il mort le 29 mai 1985 ou en juin 2000 ? Sale question pour une implacable réponse : le stade du Heysel, rebaptisé stade Roi Baudouin pour oublier les 39 cadavres du bloc Z, est obsolète. Et seuls l’annuel Mémorial Ivo Van Damme et l’un ou l’autre concert le font encore vibrer. Le stade national belge illustre la faillite de notre football.  » Les Néerlandais ont profité de l’Euro 2000 pour moderniser leurs infrastructures, estime Alain Courtois, ancien directeur à succès du championnat européen, il y a huit ans. Si notre foot est à la traîne aujourd’hui, c’est parce que la Belgique n’a pas développé ses stades. L’exemple le plus surréaliste au pays de Magritte est ce stade Roi Baudouin qui a reçu un emplâtre sur une jambe de bois ! « 

Inauguré en 1998, après une rénovation ayant coûté 37 millions d’euros, le stade Roi Baudouin et son entrée ocre semblent avoir pris un siècle… en dix ans. Alors que partout en Europe fleurissent des cathédrales sportives multifonctionnelles, notre  » fleuron  » se distingue par son absence de capacité  » moderne  » d’accueil et de confort des spectateurs. Le football est une activité commerciale comme une autre. Il ne faut donc pas chercher plus loin les raisons qui poussent le Sporting d’Anderlecht, le Club de Bruges, le Standard de Liège, Genk, La Gantoise et d’autres clubs belges à être pris d’une fièvre bâtisseuse : ces PME sportives doivent plus que jamais tabler sur de nouvelles rentrées pour ne pas être contraintes de se séparer de leurs meilleurs joueurs et pour maîtriser leur budget. En portant la capacité de leur nouveau stade à 30 000 ou 40 000 sièges, nos clubs vendront plus de billets d’entrée aux guichets et pourront aussi, surtout, profiter des retombées de produits dérivés (restauration, fan-shops, concerts, musée, etc.). Fou ? Non, mais un rien paradoxal, en regard du pauvre niveau général de la compétition belge : Anderlecht, Bruges, le Standard et Genk comptent tous plus de 18 000 abonnés et refusent du monde !

Mais la volonté de se projeter en avant et de rattraper le terrain perdu sur la concurrence européenne se heurte à la réalité institutionnelle et administrative de la Belgique, conjointement à une mentalité plutôt frileuse.

Un projet, considéré comme déraisonnable au départ, mais auquel le Premier ministre Guy Verhofstadt a apporté son soutien, semble toutefois capable de mobiliser l’ensemble des initiatives : la Belgique est candidate, avec les Pays-Bas, à l’organisation de la Coupe du monde 2018. Et sans des enceintes offrant au minimum 40 000 places, nul besoin de perdre du temps, de l’argent et de la crédibilité face à une telle ambition…

 » Doter notre pays d’infra- structures dignes de ce nom est tout simplement à l’origine même de notre candidature, confie Alain Courtois. D’ici à deux ans, dans l’état actuel des choses, aucun club belge ne pourra plus jouer en Coupe d’Europe, en vertu du cahier des charges imposé par l’UEFA ! « 

Les choses semblent bouger. Le gouvernement flamand vient de débloquer 50 millions d’euros pour participer à la rénovation et à la construction d’enceintes à Bruges, Gand, Genk, Anvers et Bruxelles. Le Standard va quitter Sclessin, pour s’installer, en 2012, dans un nouvel écrin de 40 000 places financé par des fonds privés (de 80 à 100 millions d’euros). Anvers ne veut plus passer à côté d’un grand événement, comme ce fut le cas en 2000. La première pierre de l' » écostade Artevelde  » de Gand sera posée dès ce mois de février 2008. Quant à Bruxelles, le site de Schaerbeek-Formation a été choisi par le gouvernement bruxellois. La Sporting d’Anderlecht croise les doigts…

 » N’oublions pas que ce sont tous les stades de Division 1, voire de Division 2, qui pourraient bénéficier de la Coupe du monde 2018 : sept ou huit stades doivent accueillir les entraînements des équipes et répondre, là aussi, à un cahier des charges très strict. « 

Et si le salut de notre football passait par un ticket belgo-hollandais gagnant pour le Mondial 2018 ?

Alexandre Charlier

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