DR HOUSE : TOUT LE MONDE MENT

Pour trouver le bon diagnostic (la vérité médicale), Greg House pratique le raisonnement expérimental, cher aux philosophes de la connaissance.  » Tout le monde ment « , répète-t-il, en s’appuyant sur sa canne. Le chef de médecine interne de l’hôpital Princeton-Plainboro est passé maître dans l’art du dialogue rapide avec son équipe et de la réfutation, tout comme Socrate pour le raisonnement dialectique, il y a plus de deux millénaires. L’épisode 6 de la première saison ne s’intitule-t-il pas The Socratic Method ? A l’instar du philosophe grec que ses interlocuteurs décrivaient comme agressif et vexant, House est méchant et ironique.

PRISON BREAK : LE PRIX DE LA LIBERTÉ

Souvent dans les séries carcérales, la prison constitue une métaphore de la condition humaine. Les hommes ne font pas ce qu’ils veulent, car ils obéissent à des causes qui les déterminent. Pour sortir son frère du pénitencier de Fox River, Scofield a certainement dû lire L’Ethique de Spinoza. Dans ce texte, le philosophe hollandais explique que, pour changer le monde, il ne faut pas seulement le vouloir, il faut surtout prendre le temps de connaître  » les causes déterminantes et leur nécessité  » pour ne plus les subir passivement. Scofield a tout étudié, tout préparé, y compris le tatouage du plan de la prison sur son corps, avant de se lancer dans sa folle mission.

24 HEURES CHRONO : LA FIN ET LES MOYENS

Pour le chef de la cellule antiterroriste de Los Angeles, tous les moyens sont bons – y compris zigouiller un témoin – s’ils permettent de déjouer un complot. Balançant entre un but noble et des moyens ignobles, Jack Bauer pose la question morale du devoir. Mais il est moins proche de la conception déontologique du devoir, développée par Kant, que de l’utilitarisme de John Stuart Mill. Pour Bauer comme pour le philosophe anglais, une action, quelle qu’elle soit, se justifie si ses conséquences reviennent à accroître la somme de bonheur dans le monde. Un choix moral qui trouve un écho particulier dans la période de l’après-11 septembre 2001.

DEXTER : îIL POUR îIL

L’originalité de la série tient à ce qu’un seul personnage incarne l’opposition entre le policier et le criminel. Expert médico-légal le jour et meurtrier en série la nuit, Dexter Morgan est la figure du justicier. Il tue pour punir les assassins qui ont échappé à la justice. Comme Antigone, il poursuit un but d’égalité et non de légalité, selon la distinction proposée par Aristote pour décrire la justice. En d’autres termes : il applique la si tentante loi du talion qui justifie, aux yeux de certains, la peine de mort. Or, pour Emmanuel Lévinas,  » l’humanité naît dans l’homme à mesure que punir ramène à réparer ce qui est réparable et à rééduquer le méchant « . Y compris Dexter ?

SIX FEET UNDER : À LA VIE, À LA MORT

Voilà sans doute la plus philosophique des séries. Les cinq saisons racontent comment les membres de la famille Fisher, propriétaire d’une entreprise de pompes funèbres, s’accommodent de la mort dans leur vie. D’Epicure à Sartre, en passant par Kierkegaard, bien des philosophes se sont interrogés sur la mort et la vie. Ils se sont échinés à démontrer que la mort n’empêche pas l’homme de donner du sens à son existence ni d’être heureux. Se libérer de la crainte de la mort ne signifie pas se débarrasser de toute pensée de la mort, car cette pensée est une source d’énergie. Elle nous pousse à profiter du présent, mais aussi à faire des choix de vie, à l’instar de Nate, David et Claire Fisher.

le pari de prendre les îuvres de fiction au sérieux

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire