L’imprimante 3D bientôt dans la cuisine

Bastien Pechon
Bastien Pechon Journaliste

L’imprimante 3D pourrait bientôt devenir notre propre commis de cuisine. Un outil, voire un cuistot à temps plein, pour professionnels et particuliers. Une seringue dépose une fine couche d’un liquide brunâtre sur le plateau d’une étrange machine. Du chocolat. Des cercles et des cercles de chocolat.  » On est parti d’une imprimante 3D plastique « , explique Gaëtan Richard, scientific manager du Smart Gastronomy Lab à Gembloux. Lui et ses collègues l’ont ensuite transformée en une imprimante 3D alimentaire. Pendant son exposé, strate après strate, le diabolo conique apparaît peu à peu.

Mais pourra-t-on bientôt acheter une recette sur Internet et imprimer son prochain repas ? Dans le futur, deux modèles pourraient coexister, selon Dorothée Goffin, directrice du Smart Gastronomy Lab. Certains consommateurs pourraient se détourner de la grande distribution en imprimant, par exemple, leur propre biscuit avec de la farine bio, sans conservateur, sans allergène ou sans gluten. Ils se réappropriaient ainsi une grande partie de leur alimentation au détriment des industriels. A l’inverse, d’autres pourraient opter pour une machine de type Nespresso : une imprimante munie de plusieurs cartouches d’aliments préparerait automatiquement votre repas dans votre assiette.

Mais dans l’immédiat, reconstituer une pizza n’a pas beaucoup de sens car imprimer tous les aliments qui la composent est un véritable challenge.  » L’aliment doit d’abord être liquide pour pouvoir sortir de la seringue « , explique Dorothée Goffin. Il doit ensuite se solidifier immédiatement.  » S’il ne se fige pas assez vite, la structure 3D va s’effondrer à un certain moment « , poursuit la chercheuse. Le chocolat était donc l’ingrédient idéal pour entamer les recherches.

A moyen terme, l’imprimante 3D pourrait, par exemple, concocter des aliments adaptés à l’alimentation des seniors. Les personnes âgées ont parfois des difficultés de déglutition, ce qui peut réduire leur appétit et mettre à mal leur santé. Ces machines pourraient leur redonner le goût de s’alimenter. Elles pourraient aussi reconstituer les aliments dont ont besoin les astronautes. L’agence spatiale américaine, la Nasa, développe ce genre de technologie pour préparer de longues missions dans l’espace.

Sur Terre, le Smart Gastronomy Lab développe cette imprimante alimentaire depuis un an. Dorothée Goffin et son équipe se préparent à lancer une start-up dans le courant de l’année pour préparer la commercialisation de leur machine. Estimée à 7 000 euros , elle intéressera surtout les professionnels. Dans la cuisine-laboratoire, le faible ronronnement de l’imprimante s’est arrêté. Quelques gouttes de chocolat tombent doucement à côté de la création imprimée. Plus d’une heure aura été nécessaire pour sculpter ce double cône. A côté de l’imprimante, des vases, des logos, des sculptures. Des créations à croquer.

BASTIEN PECHON

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