L’heure des réformes

Alexandre Charlier
Alexandre Charlier Journaliste sportif

Alors qu’Andre Agassi prend sa retraite, l’ATP présente son plan pour redynamiser le circuit professionnel

Tenue d’ange, visage et crâne au poil, tsunami dans les yeux : Andre Agassi (36 ans) a dit adieu au monde professionnel du tennis le 1er septembre 2006, au 3e tour de l’US Open. L’Allemand Benjamin Becker (25 ans) restera dans l’Histoire comme celui qui a officiellement propulsé l’Américain à la retraite. Comment lui en vouloir ? Il en fallait bien un… qui ne fut pas le Chypriote Marcos Baghdatis, héros malheureux d’une rencontre d’anthologie – en cinq sets – au tour précédent.

Petit retour en arrière : c’était donc bien un champion d’exception qui sommeillait dans le vulgaire short en jean et la blouse fluo provocante de ce  » Kid  » venu de Las Vegas qui, dès 1987, secoua Paris et son très smart Roland-Garros… En vingt ans de carrière, Agassi a remporté 60 victoires chez les pros, dont 8 tournois du Grand Chelem. Aujourd’hui, son départ laisse un grand vide. Déjà, en 1992, le retrait tout en classe et en discrétion de Pete Sampras, sans doute le plus grand joueur de tous les temps, avait porté un grand coup au tennis. Mais, plus encore que l’ultime passing de revers à deux mains de Björn Borg, en 1982, au tournoi de Monte-Carlo, le retrait d’Agassi attriste plusieurs générations d’amoureux de la balle jaune. Sans vouloir faire injure aux multiples jeunes puncheurs et frappeurs actuels, il manque désormais quelqu’un sur la planète tennis.

Coïncidence ou non, la fin de carrière d’Agassi arrive en même temps qu’une batterie de mesures prises par les autorités du tennis mondial pour insuffler un nouvel élan aux circuits masculin de l’ATP (Association du tennis professionnel) et féminin de la WTA (Woman Tennis Association). Le Français Eric de Villiers, président de l’ATP, a profité de la caisse de résonance médiatique de l’US Open pour annoncer son plan de réformes destiné à relancer le tennis.

 » Nous envisageons de transformer le tennis professionnel masculin en un divertissement et une affaire qui s’appuient sur ce qui intéresse les fans, les joueurs, les organisateurs et les médias « , a justifié de Villiers. Parmi les mesures à l’étude ou qui devraient entrer en vigueur en 2007, figure la réduction du nombre de tournois dont les finales se disputent au meilleur des 5 manches. Cela concerne treize rendez-vous, en dehors des quatre épreuves du Grand Chelem – pour lesquels la sacro-sainte règle des 5 sets sera évidemment toujours d’application. La mesure, réclamée depuis longtemps par les joueurs, devrait permettre de ménager quelque peu l’endurance physique de ces jeunes sportifs de compétition, précocement carbonisés par la succession de marathons. La tentation de recourir aux produits dopants pourrait ainsi diminuer. Et les organisateurs séduiraient ainsi les chaînes de télévision, très attentives au respect des horaires pour d’évidentes raisons liées à l’audience.

Deuxième innovation : dans la mesure du possible, les tournois débuteraient dès le week-end, pour toucher davantage de téléspectateurs et offrir des plages de repos plus longues aux joueurs.

Enfin, de Villiers confirme vouloir rapidement instaurer un système de poules, comme aux Masters, dans un maximum de tournois. Intérêt : faire jouer les stars entre elles sans risquer de voir un quidam s’inviter trop souvent à la table des grands.

Au nom des joueurs professionnels, James Blake approuve cette réforme.  » On peut espérer que les deux finalistes d’un tournoi ne déclareront plus forfait la semaine suivante, comme c’est trop souvent le cas actuellement « , considère l’Américain.

Toutes ces mesures s’accompagneront d’une offensive de marketing : l’ATP annonce une augmentation d’au moins 10 % du prize money dès l’année prochaine. Un événement, puisque la précédente indexation remontait à 2000.

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Alexandre Charlier

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