Les trous et les gros sous

La taxation au kilomètre ? Les particuliers n’y couperont pas ! Mais, pour le monde politique, la question est si délicate à expliquer au citoyen…  » Hughes Duchâteau, administrateur délégué de Stratec, bureau d’études spécialisé dans la mobilité, résume une opinion très répandue chez les experts européens. Le principe de cette fiscalité un brin révolutionnaire, qui sera débattu dès lundi prochain au  » Printemps de l’environnement « , consiste à faire payer les automobilistes et les transporteurs routiers en fonction du nombre de kilomètres réellement parcourus, mais aussi selon l’itinéraire emprunté et les heures de déplacement choisies. Le but : étaler les déplacements dans la journée afin de limiter la congestion routière.  » L’automobiliste belge devrait comprendre qu’on ne lui inflige pas une seconde punition, qui s’ajouterait au fait qu’il est déjà bloqué dans les embouteillages. « 

Un v£u pieux chez nous ? Dès 2012, aux Pays-Bas, les camions et les voitures seront soumis à la taxation kilométrique. En Allemagne, grâce au GPS, le système est déjà adopté par les transporteurs depuis deux ans. En Suisse et en Autriche aussi, mais au moyen d’autres techniques. Quant à la France, elle réfléchit à un système de taxation qui, en plus des péages sur les autoroutes, s’appliquerait aux camions sur les nationales. L’Alsace, notamment, voit d’un très mauvais £il les norias de camions qui la traversent de part en part afin d’échapper aux taxes allemandes.

Les autorités flamandes, contraintes de gérer l’afflux croissant de camions qui quittent le port d’Anvers, voire celui de Rotterdam, s’inspirent des exemples étrangers. Les bouliers compteurs de Kathleen Van Brempt, ministre flamande de la Mobilité (SP.A), ont tourné : le nord du pays pourrait engranger de 200 à 700 millions d’euros par an ! Mais voilà : pour mener à bien cette révolution, la Flandre doit obtenir l’accord des deux autres Régions du pays. Les Wallons n’y sont pas opposés. Mais ils veulent, simultanément, une vignette autoroutière pour tous les véhicules légers. Cette vignette serait, elle, forfaitaire. Déduite de la taxe de circulation actuelle, elle constituerait une opération  » blanche  » pour l’automobiliste belge. Payée par les conducteurs étrangers, elle rapporterait 2 millions d’euros par mois au Trésor wallon. Qui en a grand besoin pour entretenir un réseau routier parmi les plus ramifiés du monde. Et là, ce sont les Wallons qui ont besoin du feu vert flamand… Un accord s’impose donc. Avant l’incontournable taxation au kilomètre parcouru. Pour tous, cette fois. l

Philippe Lamotte

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