Les Schubertiades du XXIe siècle

Barbara Witkowska Journaliste

Invitez chez vous un musicien de Musiques Nouvelles pour découvrir, lors d’un concert privé, certaines oeuvres de notre époque. La soirée démarre : musique, échanges, témoignages, émotions… Un beau moment de partage.

L’idée ?  » Pour paraphraser la célèbre phrase du Bossu de Paul Féval : « Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi », explique Jean-Paul Dessy, compositeur, chef d’orchestre, violoncelliste et directeur artistique de l’ensemble Musiques Nouvelles, en résidence permanente au Manège de Mons. La musique envahit nos vies sur des supports dématérialisés. Il n’y a plus d’ancrage, plus d’échange intime d’homme à homme. Nous irons au salon dans une attente particulière, différente d’une salle de concert. Dans une salle, le son est puissant, monumental. Dans un salon, le partage est à mi-voix. C’est l’une des modalités les plus expressives pour recevoir l’éblouissement sonore. Le musicien va se retrouver dans une écoute accueillante, dans la proximité et dans l’échange, dans un corps à corps. Le but est de désacraliser la musique. On la sort des lieux qui lui sont consacrés. En même temps, on la ré-sacralise dans la mesure où elle apporte une grande charge spirituelle par rapport à la réalité.  »

Le concept n’est certes pas nouveau. Dans le monde persan, la musique n’était pas acceptée partout. Elle était précieuse, on se devait de la protéger. On l’écoutait dans un univers feutré, dans des lieux confinés, dans des espaces qui préservaient sa finesse et son mystère. Elle  » chuchotait à l’oreille « . Au début du XIXe siècle, les réunions où Franz Schubert jouait ses oeuvres devant un petit groupe d’amis fidèles sont restées célèbres. Le soir, on se rassemblait dans le salon de l’un d’eux. Et c’étaient d’interminables conversations, de la musique, de la danse, des lectures de poésie qui duraient jusqu’à deux ou trois heures du matin. Ces joyeuses rencontres, dont Schubert était à la fois le héros et le boute-en-train, on les appelait les Schubertiades.

 » Ce concept de « musique à domicile » a deux autres aspects, poursuit Jean-Paul Dessy. Tout d’abord, nous voulons parvenir à convaincre. La musique d’aujourd’hui, on la dit difficile et rébarbative. A l’issue du concert, l’évidence sera là, portée par un musicien. Puis, nous voulons prêcher la bonne nouvelle, être des messagers. Nous disons : Mons 2015, c’est pour vous ! Aujourd’hui, nous venons chez vous, venez à Mons en 2015. Nous souhaitons entretenir la flamme par tous les moyens, agrandir le cercle de nos amis, les solidariser et les rendre complices.  »

En pratique, comment goûter au kaléidoscope sonore de Musiques Nouvelles ? Il suffit de réunir une vingtaine d’amis et de choisir son instrument de prédilection : flûte, clarinette, violon, violoncelle, guitare, trombone, cor ou encore… la voix.  » Chaque instrument est un être qui a sa parole, souligne Jean-Paul Dessy. Nous allons faire une proposition précise d’une ou de plusieurs pièces, incarnant la dimension, la qualité et la beauté de la création musicale d’ici et de maintenant.  » Jean-Paul Dessy accompagnera le musicien invité pour apporter  » une petite parole « . Après le concert, on pourra prolonger le partage autour d’un verre de l’amitié, offert par les maîtres des lieux. La formule (gratuite dans le cadre Mons 2015) va démarrer dans la cité du Doudou et dans le Borinage. Trois concerts pourront être aussi programmés à Bruxelles.

www.musiquesnouvelles.com

Barbara Witkowska

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