Les rendez-vous Mini-Maxi d’Ars Musica

Barbara Witkowska Journaliste

Le célèbre festival bruxellois de musique contemporaine change de peau et accueille une programmation riche en rebondissements : de la musique répétitive, du rock, du jazz, du Leonard Bernstein…

Nouveauté de taille : l’  » image  » d’Ars Musica renonce à sa traditionnelle abstraction et opte pour le figuratif. L’affiche du festival, imaginée par François Schuiten et Laurent Durieux, illustre le voyage que représente la musique et se décline dans une palette douce et chatoyante de rose, de parme et de mauve. Ce n’est pas le seul changement.  » Depuis un quart de siècle, le festival a subi l’érosion du temps, explique Bruno Letort, le tout nouveau directeur d’Ars Musica, compositeur français, homme de radio et guitariste. Il a fallu remettre les objectifs à plat. L’équipe est entièrement neuve. Notre souhait est de s’ouvrir à toutes les musiques contemporaines et à d’autres esthétiques. On ratisse large. Il faut évoluer car le public change. Un exemple : la qualité d’écoute n’est plus la même. Les gens ont du mal à suivre des longs concerts et il faut en tenir compte. L’important, c’est qu’on soit un reflet de la création en Belgique. Le festival a aussi la volonté d’être festif.  »

Ars Musica aura désormais lieu en novembre, et non en mars, ce qui lui assurera une meilleure visibilité. Il passe aussi en mode biennale. Les années impaires seront consacrées aux résidences. Des compositeurs et des interprètes seront mis en immersion dans des lieux assez inhabituels (abbayes, espaces d’art contemporain) et les oeuvres créées seront reprises l’année suivante au programme d’Ars Musica.  » Pédagogie et éducation font partie de nos objectifs, souligne Bruno Letort. L’autre point important : la transmission vers des milieux défavorisés. Dans les années à venir, Bruxelles va servir de laboratoire.  »

Mini-Maxi : la thématique choisie par Ars Musica pour son édition 2014 promet de stimulantes confrontations entre la musique minimaliste américaine et le maximalisme belge dont le meilleur ambassadeur fut l’ensemble instrumental Maximalist ! fondé en 1983 par Thierry De Mey et Peter Vermeersch. Les interprètes de renom (Brussels Philharmonic, Quatuor MP4, l’Ensemble Musiques Nouvelles, Ictus, l’Orchestre national de Belgique) défendront la musique de Philip Glass et surtout de Steve Reich, compositeur le plus présent au festival avec une dizaine d’oeuvres programmées. Bonne nouvelle, car ces deux fondateurs du mouvement minimaliste américain (appelé aussi musique répétitive) ont jusqu’ici été boudés par Ars Musica mais sont très appréciés du grand public.

Parmi les événements à ne pas rater : le concert de Kronos Quartet, formation se rapprochant d’un groupe de rock, au répertoire très singulier et qui n’est pas venue en Belgique depuis douze ans. On (re)découvrira aussi la Sérénade pour violon de Leonard Bernstein. Inspirée du Banquet de Platon et créée à la Biennale de Venise par Isaac Stern en 1954, elle sera interprétée par L’Orchestre philharmonique royal de Liège sous la direction de Patrick Davin. Les curieux ne manqueront pas La Nuit du quatuor au Botanique où cinq quatuors de prestige se succèderont toute la nuit.  » On pourra dormir « , sourit Bruno Letort. En concert de clôture, le Pierrot lunaire d’Arnold Schönberg (inspiré de poèmes du symboliste belge Albert Giraud), revisité par Jean-Paul Dessy dans une scénographie de François Schuiten, complétera une programmation très riche et éclectique.

Du 14 au 30 novembre. www.arsmusica.be

Barbara Witkowska

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