Les PME wallonnes à l’école de la stratégie

Dans le cadre du plan Marshall, trente chefs d’entreprise wallons ont suivi une formation en intelligence stratégique. Un début. Il reste du pain sur la planche…

Comme à l’Eco- le des fans, ils ont tous gagné. Les 30 chefs d’entreprise wallons qui ont suivi la formation en intelligence stratégique proposée par l’Agence de stimulation économique sont repartis contents, leur diplôme en poche, à l’issue d’une formation de sept demi-journées.

Les voilà, sinon blindés, du moins sensibilisés à la question de l’intelligence stratégique, une politique d’espionnage industriel  » propre « , agré- mentée de mesures d’autoprotection, le tout pimenté d’un zeste de lobbying.  » Les chefs de PME doivent à la fois anticiper les menaces et détecter les opportunités si elles veulent être de taille à affronter la concurrence « , résume Vincent Bovy, directeur de l’Agence de stimulation économique. L’enjeu est d’autant plus crucial depuis l’arrivée d’Internet et la mondialisation des échanges.

Pour les patrons de société, il s’agit donc d’obtenir et de maîtriser toutes les informations qui leur permettront de se positionner au mieux sur le marché. De savoir ce que trament leurs concurrents. D’être sûrs qu’aucune information erronée ne circule sur leurs produits, leur entreprise ou sa santé financière.  » Pour une entreprise du secteur pharmaceutique, par exemple, une rumeur de ce type peut avoir des effets désastreux, affirme Vincent Bovy. Or une telle volonté de nuire se manifeste de plus en plus souvent, sur Internet. Une PME ne sait jamais d’où peuvent venir les coups. « 

Il est tout aussi capital pour un patron de se tenir au courant des négociations en cours, au niveau mondial, sur les standards des produits. S’il est question de modifier la composition des cartouches à encre des imprimantes, ou leur taille, et qu’un petit fabricant wallon l’ignore, celui-ci risque bien, quand il l’apprendra, de devoir fermer boutique.

Autre axe de l’intelligence stratégique : la protection de son savoir-faire et de ses avancées en recherche et développement. Car, pour obtenir ces informations, les concurrents sont, souvent, prêts à tout. Y compris à dépasser les bornes de la légalité. On paie désormais des gens pour voler les ordinateurs portables des délégués commerciaux : des millions d’informations y sont stockées. De même, du personnel d’entretien est parfois rémunéré pour fouiller discrètement quelques tiroirs. Des consultants en intelligence stratégique, qui démarchent les entreprises pour les faire bénéficier de leurs conseils, sont mandatés par des groupes étrangers qui cherchent ainsi à repérer des proies sur lesquelles ils fondront sans tarder.

En soi, on le voit, l’intelligence économique ne recouvre pas un concept neuf. Mais elle structure une démarche que la majorité des chefs d’entreprise menaient à l’intuition. C’est bien le but poursuivi par le gouvernement wallon, qui a dégagé des moyens financiers (370 000 euros en 2008) pour sensibiliser les PME à l’intelligence stratégique. Judicieux, car la Belgique n’est pas en avance, ni par rapport aux Etats-Unis et aux pays anglo-saxons, ni même par rapport à la France.

 » La Belgique a quinze ans de retard sur ses voisins. C’est un grave handicap pour ses entreprises « , déplore Stéphane Toussaint, en charge de l’intelligence économique à la Chambre de commerce et d’indus- trie du Hainaut. Ce retard s’explique, entre autres, par le fait que le tissu économique belge est surtout composé de PME, voire de très petites entreprises. Leurs patrons ont le nez dans le guidon. Ils ne saisissent pas d’emblée l’importance des enjeux et manquent de temps et de ressources pour s’y attarder. Les grandes entreprises, elles, sont généralement dotées d’une cellule spécialisée. Jusqu’ici, les Hautes Ecoles et les universités belges ne s’intéressent pas non plus à ces questions. A terme, un centre de ressources en intelligence stratégique devrait voir le jour en Région wallonne.

L.v.R.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire