Les obsessions de Gérard Garouste

Barbara Witkowska Journaliste

Internationalement reconnu, le peintre et sculpteur français est l’artiste invité du 13e accrochage de Maison Particulière, à Bruxelles, baptisé Obsession. Une thématique qui lui ressemble.

Comment évoquer l’obsession ? Comment présenter cette  » folie raisonnante  » qui hante au quotidien artistes et collectionneurs ? C’est ce qu’explique ce passionnant accrochage, réalisé en collaboration avec The EKARD Collection, Chris et Lieven Declerck, Hélène David-Weill, Myriam et Amaury de Solages, et réunissant des travaux de plus de cinquante créateurs. Obsession des formes chez François Rouan, obsession des corps chez Alvin Booth ou Helmut Newton, obsession des objets chez Arman, Valérie Belin ou Wim Delvoye… L’obsession se manifeste partout, sous forme de fascination, de répétition, d’accumulation, de passion ou encore, de désir. Se retrouver face à ces oeuvres déployées dans les superbes espaces de Maison Particulière est une expérience en soi. Expérience rehaussée par la présence de plusieurs travaux de Gérard Garouste, immense peintre français, obsédé par des thèmes universels et intemporels comme la religion, la mort et l’amour. Son oeuvre, abondante, fait toujours beaucoup parler : la puissance d’évocation de ses toiles, leur inquiétante étrangeté, leur dimension prophétique, ne laissent personne indifférent.

Gérard Garouste a une petite trentaine d’années quand il connaît le succès. Repéré au début des années 1980 par Leo Castelli, l’un des plus importants marchands d’art du XXe siècle, il obtient très vite la reconnaissance internationale grâce à une exposition en solo dans sa galerie new-yorkaise. La Belgique lui consacre une grande rétrospective en 1998 et, dans la foulée, lui passe des commandes importantes : en 1999, il peint Théâtre, une imposante (16,51m x 5,74 m) toile à l’acrylique, qui illumine le foyer du Théâtre Royal de Namur.  » C’était une expérience étonnante, ma plus grande commande avec la Bibliothèque François Mitterrand à Paris « , confie l’artiste. La ville de Mons lui commande deux oeuvres pour son hôtel de ville : une frise à la salle des mariages (2000) et une toile représentant la lutte entre saint Georges et le dragon (2006).

Né en 1946, Gérard Garouste est le contemporain des grandes révolutions picturales qui ont secoué la deuxième moitié du XXe siècle. Mais il restera imperméable à ces bouleversements. Son oeuvre sera toujours exclusivement figurative. Il subit l’influence des maîtres anciens comme Vélasquez, mais aussi de Dante et de Cervantès, deux monuments de la littérature classique. Il y a eu aussi cette rencontre avec l’Ancien Testament qui l’a replongé dans la source, en lui  » montrant qu’il n’y pas de vérités définitives « . Depuis lors, et avec la complicité de son grand ami François Rachline, économiste et écrivain (et l’invité littéraire à Maison Particulière), il apprend l’hébreu.  » Dans l’hébreu, le présent n’existe pas, le temps c’est une boucle, dit-il. Il faut farfouiller dans le passé pour trouver l’avenir.  » Tourné vers  » l’originel plutôt que l’original « , Gérard Garouste raconte des histoires, joue avec les sens et avec les émotions. En s’emparant de la religion, en lui réservant ses meilleurs coups de pinceaux, en s’attachant à une réflexion sur l’être et la connaissance, il peint le temps qui est le sien et qui l’a obsédé toute sa vie.

Obsession, Maison Particulière, 49, rue du Châtelain, à 1050 Bruxelles. Jusqu’au 29 mars, www.maisonparticuliere.be

Barbara Witkowska

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