Les GI passent à l’Est

Bulgarie et Roumanie ont gagné la confiance des Américains. Qui devraient y installer de nouvelles bases

Base militaire de Kogalniceanu, près du port roumain de Constanta. C’est de là qu’à partir de mars 2003 plusieurs milliers de GI ont assuré jour et nuit, par avions-cargos, le ravitaillement des troupes au Moyen-Orient jusqu’à la chute du régime de Saddam Hussein. La même opération a été menée au sud-ouest du littoral de la mer Noire, grâce au port bulgare de Sarafovo. Après le refus du Parlement turc d’autoriser le déploiement des troupes américaines en Turquie, les Etats-Unis ont cherché des pays qui puissent servir de bases lors de l’offensive contre l’Irak. La Bulgarie et la Roumanie ont été choisies. A Constanta, logés dans les hôtels voisins du port, les soldats américains ont utilisé au maximum les infrastructures locales. Le vieux gymnase a juste été un peu rénové. Seules quelques tentes furent montées, notamment pour l’assistance médicale. Tout contact était interdit avec les autochtones. Huit mois plus tard, la base roumaine paraît déserte. Mais les GI reviendront sûrement. Car, comme à Kogalniceanu et à Sarafovo, la nouvelle stratégie militaire des Etats-Unis consiste à utiliser des petites bases rapidement opérationnelles déployées sur le territoire de pays amis. Selon un diplomate de l’Otan,  » les 70 000 soldats américains stationnés en Allemagne depuis plusieurs années seront réaffectés dans celles-ci pour des périodes courtes ne dépassant pas six mois « . Et c’est bien évidemment aux portes du Moyen-Orient, qui, selon Washington, est la source du terrorisme international, que ces bases vont s’installer.

L’atout du littoral de la mer Noire

Si les contingents américains restent très présents sur le sol des pays de l’Est, et notamment de la Pologne, les Etats-Unis portent un intérêt tout particulier à la Bulgarie et à la Roumanie. Déjà, en 2003, le Pentagone prévoyait d’y déployer des dispositifs de défense anti-missiles afin de contrer d’éventuelles attaques venues d’Iran.  » La Roumanie et la Bulgarie, compte tenu de leur situation géographique, vont davantage être impliquées dans les événements qui touchent le Moyen-Orient « , assure Cornel Codita, expert en relations internationales. Les deux pays disposent surtout d’une partie du littoral de la mer Noire, un atout majeur pour l’approvisionnement des troupes, qui permet d’utiliser les forces navales. En décembre 2003, le sous-secrétaire américain à la Défense, Douglas Feith, s’est rendu à Bucarest afin de discuter du futur emplacement des bases. Et des experts américains sillonnent les couloirs des ministères roumains.

 » Nous discutons avec les Américains sur les aspects techniques et nous devrions très prochainement prendre une décision sur l’emplacement des bases « , précise George Cristian Maior, secrétaire d’Etat roumain à la Défense. Au printemps, la Bulgarie et la Roumanie adhéreront à l’Otan et la mise à niveau de leurs installations militaires a déjà commencé. Depuis 2002, Lockheed Martin travaille en Roumanie sur un système de radar appelé Gapfiller, un contrat de plus de 100 millions de dollars. Un centre de formation des élites militaires a également été créé à Brasov, tout près de Bucarest, en collaboration avec l’Institut de défense de Monterey, en Californie. Et Washington a récemment décidé de doubler le montant annuel de l’aide militaire à la Bulgarie en la portant à 20 millions de dollars.

Laurent Couderc

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