Les conteneurs à puce, un projet mort-né

Après avoir annoncé l’introduction des conteneurs à puce, les autorités liégeoises ont décidé de s’en tenir aux traditionnels sacs-poubelle pour la collecte des déchets. Ce qui ne fait pas les affaires d’Intradel, qui comptait sur les ordures organiques pour sa future usine de biométhanisation.

Bye-bye, sacs jaunes ! En septembre dernier, l’échevin de la Propreté André Schroyen (CDH) et Luc Joine, directeur d’Intradel (Intercommunale de traitement de déchets en région liégeoise) unissaient leurs voix pour faire passer le message. Bienvenue, conteneurs à puce !

Promis, juré : les Liégeois n’y perdraient pas au change, affirmaient-ils alors. Le marché qui lie la Ville à l’association momentanée Shanks-Sita-Pagem arrivera à échéance le 1er juillet 2015. Pour la remplacer, autant faire appel à un système incitant à un meilleur tri (les déchets résiduels dans la poubelle noire, les restes culinaires dans la verte).

Cela tombait d’autant mieux qu’André Schroyen siège au conseil d’administration de l’intercommunale et que celle-ci aurait bien besoin du compost des 91 000 ménages pour alimenter sa future usine de biométhanisation, qu’elle compte implanter à Herstal. Un projet d’environ 20 millions d’euros, qui lui permettrait de traiter elle-même les détritus organiques (actuellement envoyés hors province) et d’utiliser les gaz de putréfaction pour produire de l’électricité.

Mais quatre mois après cette annonce, l’échevin Schroyen a fait volte-face. Poussé par une analyse de terrain qui a  » révélé  » que l’habitat liégeois se prêtait mal à ce type de collectes. Appartements, impasses, trottoirs étroits… Près de la moitié des logements (43 000) auraient dû faire exception. Poussé aussi, sans doute, par l’indignation des partis d’opposition.  » Le collège a fait machine arrière sous la pression réac’ du PTB et de tout le populisme dont il a fait preuve « , dénonce Bénédicte Heindrichs, cheffe de file Ecolo, seule formation d’opposition à avoir donné son aval, alors que le MR et Vega ne se sont pas non plus gênés pour critiquer le projet.

Sur base volontaire

Du coup, Liège en restera aux sacs jaunes. Mais étudie la possibilité de prévoir des sacs spéciaux pour les organiques, utilisables sur base volontaire. Pas d’obligation ?  » Pour éviter les effets néfastes, justifie André Schroyen. En 2001, lorsque le prix des sacs a augmenté, les dépôts clandestins ont fleuri : 9 000 tonnes par an, alors qu’on est aujourd’hui sous les 2 000. Le débat n’est toutefois pas clos : on peut réfléchir à des incitants fiscaux, par exemple.  » L’échevin aimerait désigner un nouveau collecteur d’ici à la fin de l’année.

Cette solution censée ménager la chèvre et le chou ne fait pas les affaires d’Intradel. Qui hésite quant à la capacité de traitement des ordures à prévoir : 20 000 ou 40 000 tonnes ?  » Dans cinq ou dix ans, Liège changera peut-être d’avis, avance Jean-Jacques De Paoli, porte-parole. Il faut gérer ça en bon père de famille.  » Soit revoir les ambitions à la baisse quitte à ce que l’infrastructure devienne un jour trop étroite, ou viser grand et risquer de ne pas être rentable. Il faudra trancher rapidement : Intradel étant désormais débarrassée de deux recours introduits par un candidat constructeur malheureux, les demandes de permis nécessaires peuvent être introduites. La Région wallonne a déjà annoncé qu’elle débloquerait 7 millions pour le chantier.

En attendant que Liège change (ou pas) d’avis, l’option de récolter et traiter des déchets hors province pourrait être étudiée. Mais la Ville fera-t-elle à nouveau volte-face ? Rien n’est impossible, estiment les défenseurs des conteneurs. Ajoutant qu’à Seraing et à Saint-Nicolas, deux communes densément peuplées, le système est bien en vigueur.

M.Gs.

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