Les Belges ont leur cote

Fanny Bouvry

Que valent nos artistes sur le marché ? La Cote de l’art belge, un recueil de plus de 10 000 résultats de ventes publiques, donne les grandes tendances

Même si l’art est, a priori, d’abord une question de goût, il est aussi, pour certains, un placement. Un bon placement ? La question est délicate et exclut les réponses tranchées. D’abord, parce qu’il y a les modes, et celles-ci ne sont pas immuables. Ensuite, parce que les £uvres majeures, celles qui atteignent des montants considérables, sont inaccessibles au commun des mortels. Le modeste amateur doit-il dès lors se désintéresser de l’art ? Certainement pas. Encore faut-il payer le  » juste prix « , notion sans doute difficile à cerner en art, mais qui peut au moins s’insérer dans la moyenne du marché.

On accueillera donc avec d’autant plus de plaisir le recueil que vient de publier Olivier Bertrand, La Cotede l’art belge de 1800 à 2003 (1), qui regroupe les prix obtenus lors de plus de 10 000 ventes publiques d’£uvres belges au cours de cette année. L’auteur a rassemblé les cotes de quelque 2 500 artistes, mais également des biographies. Jamais encore un recueil si complet n’avait été publié sur la Belgique. Il en existe bien sûr d’autres, d’ampleur internationale, mais ils sont souvent très coûteux ou ne sont accessibles via Internet que moyennant paiement.

Le guide d’Olivier Bertrand, spécialiste par ailleurs du peintre et sculpteur Rik Wauters, a donc l’avantage de cerner les artistes de chez nous. Premier constat : nos artistes se vendent mieux en Belgique qu’à l’étranger. Et, lorsqu’une £uvre belge part sur le marché international, elle finit souvent par revenir au pays.  » Le Magritte de la défunte Sabena, par exemple, a été vendu à un Belge pour 3,4 millions d’euros dans un hangar de Zaventem. On n’aurait jamais atteint ce prix dans un autre pays… Il est donc préférable de rester en Belgique pour éviter les frais de vente, beaucoup plus élevés ailleurs « , conseille Bertrand.

Le temps de vendre

S’il n’existe pas ou peu de demande internationale pour nos artistes, certains ténors traversent tout de même les frontières : Magritte, Delvaux et quelques £uvres spécifiques, comme celles des néo-impressionnistes. Les galeries, salles de vente et musées pistent ses chefs-d’£uvre et se les approprient coûte que coûte, quels que soient l’endroit et l’état du marché.  » Pour les autres tableaux, la valeur varie souvent avec la santé des marchés financiers, confirme Bertrand. Quand les Bourses vont mal, l’Art sert de valeur refuge. Les gens investissent dans des tableaux et les prix flambent. Ces trois dernières années, les prix ont augmenté de 30 à 40 %. Aujourd’hui, le marché boursier reprend. Les investisseurs vont donc probablement se désintéresser de l’Art pour revenir progressivement en Bourse.  »

Ce ne serait donc plus le moment d’acheter une £uvre, sauf, bien sûr, celle d’un grand maître, mais cela limite le nombre de candidats acquéreurs. Il serait encore temps par contre de vendre à bon prix… Quoique cela soit un peu tard : les prix fléchissent déjà et devraient encore descendre durant un an ou deux.

Reste qu’avant toute chose, l’art n’est pas une valeur matérielle.  » Acheter un tableau, rappelle Bertrand, c’est comme choisir une voiture. On la prend d’abord parce qu’elle nous plaît. Ce qu’il restera de sa valeur plus tard, nul ne peut le savoir.  » Laisser parler les sens donc, mais en restant attentifs à la cote des artistes, pour éviter de débourser des sommes insensées. l

Fanny Bouvry

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