Journaliste au Vif/L'Express.

Les animaux malades du couranovirus

Et c’est alors que survint l’urgence. La maladie les frappait tous. Elle venait de loin, de miasmes vicieux tapis dans la chair d’un pangolin pas frais, et était arrivée chez nous qu’on était encore, et depuis plus d’un an, en affaires courantes. Personne ne s’y attendait mais on disait qu’on y était préparé : c’était une urgence et, pour la parer, on avait prévu un système. Ça s’appelait les affaires courantes. Le régime des affaires courantes avait été conçu pour éviter le vide du pouvoir et parer aux urgences, sanitaires notamment, qui n’attendraient pas qu’un gouvernement de plein exercice soit installé pour survenir. Le couranovirus était cette mesquine maladie qui frappait les esprits fragiles pendant des affaires courantes.

La raison précise pour laquelle les affaires courantes existaient, c’était ça : faire face à une urgence.

Parce qu’un ministre, de la Santé notamment, d’un gouvernement démissionnaire en affaires courantes était parfaitement habilité à prendre les mesures nécessaires à parer à une urgence, sanitaire notamment, qui n’attendrait pas qu’un gouvernement de plein exercice soit installé pour survenir. Et c’était ainsi que face à une urgence qui surviendrait, si une ministre de la Santé en affaires courantes ne prenait pas les bonnes décisions, ça ne serait pas la faute des affaires courantes, mais la faute de la ministre de la Santé. Parce que la raison précise pour laquelle les affaires courantes existaient, c’était ça. Pourtant, les malades du couranovirus disaient qu’il fallait sortir d’urgence des affaires courantes pour pouvoir parer l’urgence du coronavirus, et c’était parfaitement faux, mais rien n’y faisait, la maladie contaminait toujours plus de monde. Ses miasmes méphitiques faisaient même dire aux malades que, puisqu’on ne savait pas s’entendre pour installer un gouvernement de plein exercice, il fallait installer un gouvernement d’urgence. C’était parfaitement faux et pourtant les personnes frappées par le couranovirus allaient le répétant par tous les temps. C’était parfaitement faux parce qu’un gouvernement d’urgence, ça n’existe pas. Soit c’est un gouvernement, soit ça n’en est pas un. Une fois installé par une majorité de députés, un gouvernement est un gouvernement. Il doit s’occuper des urgences qui surviennent quand elles surviennent, comme un gouvernement d’affaires courantes doit s’occuper des urgences qui surviennent quand elles surviennent.

Les victimes fragiles du mesquin bacille du couranovirus avaient souvent des antécédents.

Elles avaient cru il y a un an qu’un gouvernement qui démissionnait devait convoquer des élections anticipées immédiates et c’était parfaitement fou.

Elles avaient gobé à la fin de l’année dernière qu’un arc-en-ciel élargi PS – SP.A -MR – Open VLD – Ecolo – Groen – CD&V (et peut-être CDH) et qu’une Vivaldi PS – SP.A – MR – Open VLD – Ecolo – Groen – CD&V (et peut-être CDH), ce n’était pas la même chose, et pourtant c’était parfaitement identique.

Elles étaient en train de croire qu’un gouvernement d’urgence PS – SP.A – MR – Open VLD – ECOLO – Groen – CD&V (et peut-être CDH) et qu’un arc-en-ciel élargi PS – SP.A – MR – Open VLD – Ecolo – Groen – CD&V (et peut-être CDH) ou qu’une Vivaldi PS – SP.A – MR – Open VLD – Ecolo – Groen – CD&V (et peut-être CDH), ce n’était pas la même chose, et pourtant c’était parfaitement identique.

Elles allaient encore gober beaucoup de choses, et cette maladie du couranovirus était parfaitement insupportable. Elle semblait pourtant parfaitement incurable.

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