Les  » amis  » de Salah Abdeslam ou un nouveau commando ?

Abdelhamid Abaaoud avait annoncé l’envoi de 90 candidats terroristes de l’Etat islamique en Europe. Après Paris, d’autres ont-ils frappé à Bruxelles ?

Pour mettre des noms sur les auteurs des attentats de Bruxelles, deux hypothèses de travail prévalaient en milieu de semaine à défaut d’informations sur l’enquête, le Parquet évitant légitimement de communiquer sur des perquisitions rapidement menées. Les responsabilités étaient-elles à rechercher parmi les membres survivants du commando de Paris ou dans une  » nouvelle  » cellule terroriste de l’Etat islamique, qui les a revendiqués, activée pour signer des représailles au coup porté quelques jours plus tôt par les forces antiterroristes belges ?

Beaucoup devait dépendre, pour privilégier l’une ou l’autre option, du sort de Najim Laachraoui et de Mohamed Abrini, les deux derniers terroristes officiellement recherchés dans le cadre des attentats du 13 novembre en France. Le premier, un Schaerbeekois de 24 ans parti en Syrie en février 2013, a fait l’objet d’un appel à témoins le lundi 21 mars. Il était en fait plus connu jusqu’alors du public sous le nom de Soufiane Kayal, présenté comme le coordonnateur de l’attaque de Paris en compagnie de l’Algérien Mohamed Belkaïd, alias Samir Bouzid, tué lors de la perquisition du 15 mars à Forest. Najim Laachraoui est censé être l’artificier du commando et aurait donc pu être un acteur essentiel des attentats de Zaventem et de la station de métro Maelbeek. L’autre terroriste encore recherché après le coup de filet de Molenbeek, Mohamed Abrini, est  » l’homme de la station-service « . Belgo-Marocain, il a aidé à convoyer les véhicules des assassins dans les jours qui ont précédé les attentats de Paris.

Un petit groupe de deux ou trois personnes aurait-il pu organiser la journée sanglante de mardi dans la capitale ? Beaucoup en doutent. Ils se fondent sur un document photo présentant deux ou trois suspects à Zaventem et soupçonnent des complicités nouvelles autour de Laachraoui et d’Abrini – le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw n’avait-il pas annoncé que l’entourage criminel de Salah Abdeslam était plus étendu qu’estimé initialement ? D’autres en revanche supputeront l’entrée en guerre d’une  » nouvelle  » cellule terroriste.

Record de djihadistes

Deux considérations générales pouvaient accréditer cette deuxième hypothèse. La Belgique est le pays européen qui, proportionnellement à sa population, a fourni le plus grand nombre de djihadistes étrangers aux troupes de l’Etat islamique en Syrie et en Irak. Selon les chiffres arrêtés fin janvier 2016 et dévoilés par le ministre de l’Intérieur Jan Jambon, ils étaient 451 Belges à avoir rejoint le théâtre du conflit proche-oriental, et 117 d’entre eux seraient revenus au pays avec, pour certains, l’intention ou même la mission de poursuivre le  » combat  » en  » terre impie « . Le deuxième indice, certes ténu, est l’affirmation prêtée à Abdelhamid Abaaoud, chef présumé du commando de Paris, que l’Etat islamique aurait infiltré, dans le flot des réfugiés débarqués en Europe depuis l’été 2015, quelque nonante agents formant autant de terroristes en puissance. Certains bons connaisseurs du terrain belge figureraient-ils dans le lot ?

Les  » katibas « , les brigades de djihadistes de Daech, sont organisées, pour les étrangers, par affinité linguistique. La francophone rassemble Belges, Français ou Maghrébins. Le Français Salim Benghalem serait l’un de ses mentors. Il a été accusé d’avoir organisé l’attaque de Paris. Etait-il à nouveau l’orchestrateur de sa réplique bruxelloise ? La guerre, en tout cas, est loin d’être finie. Ses développements en Europe répondent pour beaucoup aux reculs de l’Etat islamique en Syrie et en Irak. Preuve de sa puissance, Daech répond, jusqu’à présent, au coup par coup.

Gérald Papy

Preuve de sa puissance, Daech répond, jusqu’à présent, au coup par coup

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